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SX US : Détroit vu du canapé

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PFFFF…. J’ignore si c’était la pleine lune ou pas à Détroit mais force est de constater qu’il s’est passé un truc samedi soir… Le circuit, d’apparence assez basique, a causé quelques soucis aux pilotes, et pas des moindres. La faute, peut-être, a une piste très courte qui a fait que les finales ont compté de nombreux tours, ce qui a creusé les ornières dans une terre à la fois molle mais glissante en surface d’après les principaux intéressés. En tout cas, ça a été un carnage !

Et juste comme ça, Eli Tomac a maintenant une avance gigantesque au provisoire, lui qui était encore plus que sous la menace de Jason « Justin » Anderson il y a moins de deux semaines. Il faut dire que ça ne s’est pas fait tout seul, Eli a été la chercher, celle-là, après un départ tout juste dans le top 10. Son retour sur l’avant dans les premiers tours de la finale fait partie de ces moments de sport qui imposent le respect. Mais à la Tomac, sans contact ni agressivité déplacée, juste en allant plus vite que les autres, et basta. Propre. Hyper rapide dans les whoops (ses deux dépassements sur Webb et Barcia, WAHHH), météorique dans les virages, précis partout, ET3 était le meilleur samedi soir et comptait bien le montrer au monde entier. Ce qu’il a fait, d’ailleurs, pour remporter sa cinquième finale de la saison. Et Détroit d’affilée ! Même si les autres boss du championnat ne s’étaient pas auto-éliminés, il serait de toute façon reparti de cette course gonflé à bloc mentalement après une telle démonstration de force. Mais là, avec 42 points d’avance, le pilote Yamaha est encore plus fermement installé aux commandes d’un championnat qui lui tend les bras, sauf blessure évidemment. Il peut même commencer à gérer à partir de maintenant tant son avance est large. Notez qu’Eli aurait déjà validé l’option qui lui permettait de rempiler avec Star Racing l’an prochain. On prend le pari qu’il pourrait bien être pas trop mal en outdoor non plus. Fort. Eli a perdu tellement de titres SX en route que ça ne serait que justice qu’il prenne celui-là.

Très belle démonstration à Détroit de Malcolm Stewart, une fois encore, au niveau de la vitesse et du pilotage. MAIS, une fois encore, il y a un vrai problème avec la règle du SX US. Comment un pilote qui fait une grosse erreur peut quitter la piste, zapper une section entière de whoops, et repartir à la bagarre avec les pilotes juste derrière sans qu’il y ait sanction ? « Ouais mais il n’a pas gagné d’avantage, il a même perdu des places ouin ouin. » Bah heureusement encore, il a fait une énorme erreur, IL DOIT EN PAYER LE PRIX. Cette règle me rend fou, d’autant qu’elle est différente aux USA, en GP, en championnat de France Elite… Cf Cyril Genot la semaine dernière en Elite, Lupino au Motocross des Nations, Tim Gajser en MXGP à Mantova… ça ne va pas, il y a quelque chose qui cloche dans ce système et une sérieuse remise en question à opérer pour les « instances dirigeantes », comme on dit des encravatés qui démontent les buffets de petits fours tous les week-ends sur tous les terrains de MX/SX du monde. Ah, voilà, ça va mieux maintenant que c’est lâché. Personne d’important ne lisant cette pourtant croustillante chronique, je doute que ça évolue, mais au moins ça soulage. Bref, les officiels de l’AMA étant apparemment déficients visuels, MS27 prend une néanmoins très belle deuxième place, et, surtout, recolle à égalité de points au provisoire avec Jason Anderson. Ironique, une nouvelle fois.


NAN, NAN, NAN, NAN !!!!

Justin Barcia était diminué à Détroit, avec un doigt qui a visiblement été attaqué par un piranha cette semaine. Le pilote GASGAS a pourtant fait le boulot. D’abord avec un excellent départ, puis en s’accrochant, à la Barcia, tout en passant entre les gouttes. Ou les drapeaux croix rouge, dans ce cas précis, avant de résister à Marvin Musquin. Mine de rien, notre gars sort sa plus belle saison depuis belle lurette, comme on disait en 1950, avec un quatrième podium et trois points de retard seulement sur le duo Anderson/Stewart. Qui aurait cru en début d’année qu’il deviendrait Mr Régulier ? Nan, faites pas genre « moi, moi ». Personne ne vous croit.

Auteur du holeshot (selon l’AMA, rien à ajouter…), Marvin Musquin a laissé passer un podium qui s’offrait à lui comme une Monster Girl éméchée à un pilote d’usine le soir de Vegas. Une fois encore, le Français a été trop tendre. Déjà, il aurait dû doubler Justin Bogle dans l’urgence, vu les hyènes affamées qu’il traînait dans son sillage. Ce qui aurait certainement changé la physionomie de sa finale. Ensuite, il y avait moyen de se faire Barcia avant, plutôt que de chuter bêtement. Une occasion manquée de faire podium, donc. Dommage, elles vont devenir de plus en plus rares.

Justin Brayton a profité du champ de bataille pour éviter les corps deci delà pour prendre dans l’indifférence générale une superbe cinquième place. Pas mal, pour un type de 64 ans ! Non, on exagère un peu, mais bravo tout de même à JB10. Un gars dont on ne peut être que fan quand on lui a parlé, comme j’ai eu la chance de le faire à Paris pour l’interviewer. Le prochain champion du monde de SX ? Ce ne serait pas plus étonnant que ça.

Vince Friese et Shane McElrath ont en commun d’avoir réalisé la meilleure performance de leurs carrières en 450 à Détroit avec ces sixième et septième places respectives. Sans apparaître une seule fois à l’écran ! Mais ça montre du mieux de la part des deux.

Justin Bogle, quant à lui, s’est offert comme ça lui arrive de temps en temps un petit moment de gloire à la Warhol en menant deux tours cette finale. On connaît le talent du garçon, et le voir ainsi pour quelques minutes évoluer à un niveau qui devrait être le sien sans ces accumulations de blessures, ça fait plaisir. Et comme c’est gratuit, profitons-en. En plus, on se souvenait à peine qu’il existait des motos jaunes, donc en voir deux dans le top 10, c’est Noël et Mardi gras réunis. Bravo aussi, donc, à son collègue d’open space Brandon Hartranft, neuvième, qui réalise lui aussi sa meilleure performance en SX450. Comme le dixième Cade Clason, d’ailleurs. Et le onzième Ryan Breece. Et le douzième Justin Starling. Et le treizième Alex Martin. Et le quinzième Logan Karnow. Et le seizième Kevin Moranz (auteur d’un sacré départ de l’extérieur!). Sûr que c’est plus facile quand la moitié des pilotes d’usine gisent inanimés au sol. Le seul à bouffer la feuille, du coup, est ce bon vieux Dean Wilson. Pour une fois qu’il y a ouverture, Deano se loupe.

SX US : Détroit vu du canapé

Parlons donc un peu de nos grands absents des résultats de Détroit… Cooper Webb a bel et bien retrouvé la forme, on est tous OK, mais ça coinçait quand même un peu sur ce coup là, avant que ça ne tourne franchement au vinaigre. Lui qui est l’intelligence de course incarnée s’est cette fois carrément planté d’enchaînement, en voulant fait un triple que personne ne faisait. Une cagade lourde de conséquence pour lui comme pour Chase Sexton, qui n’a pas eu d’autres choix que de servir du petit corps du Coop’ comme d’un vulgaire Air Protek que JLFO aurait jeté par mégarde sur la piste. On appréciera au passage sa volonté hors norme de vouloir sauver des points même d’une main. Beaucoup moins le fait qu’il le fasse en zappant une partie du terrain… Du coup, l’AMA, pour une fois réveillée, lui a demandé de regagner sa niche.

Chase Sexton, quant à lui, était juste au mauvais endroit au mauvais moment… Un moment au contact devant, il a un peu perdu le fil avant de revenir vers la tête. Une drôle de finale pour le pilote Honda, avant la catastrophe. Heureusement, pas de bobos, comme pour Coop. Un miracle.

Jason Anderson avait fait les choses bien, en enterrant la hache de guerre avec Mookie. Moyennement parti, il s’était précipité vers la tête de la course comme Dédé de la Fédé sur le fameux buffet gratos, avant de voir revenir dans ses rétros Eli. Mais même doublé, JA21 n’avait pas dit son dernier mot avant de perdre l’avant, puis ses sens. Un DNF qui enterre définitivement, j’en ai bien peur, ses chances de titres SX cette année. Avec ce genre de prestations, Jason a toutefois fait remonter ses prétentions financières de façon drastique auprès des managers. Et lui aussi est indemne et prêt à repartir au combat. #teamnotsofried.

Enfin, on termine ce canapé 450 à Détroit par Dylan Ferrandis. Ça partait moyen (qui a dit comme d’hab?), ça remontait correctement quand, d’un coup, il y avait possibilité de tirer les marrons du feu, comme on disait vers 1888/89. Mais quand ce n’est pas ta saison… C’est un gros long dans un enchaînement qui a coûté le podium à Dylan. Le pilote Yam a eu l’impression de s’être blessé au poignet, l’obligeant à s’arrêter immédiatement. Encore une occasion de perdue. C’est quand l’outdoor ?

Un mot sur ce pauvre Joan Cros, si près et pourtant si loin de la finale. Vamos tio !

Beaucoup moins de drames en 250 à Détroit, dans une catégorie qui n’en est pas avare habituellement. Le problème, c’est bien ce jeune Jett Lawrence. Après sa Triple Crown ratée à la McAdoo à Atlanta l’an dernier, on pouvait penser voir d’autres erreurs du pilote Honda qui auraient donné du piment à ce championnat. Nenni, comme disait Molière. Bon départ, un passage supersonique dans les whoops pour doubler Stilez Robertson et… Ah, non, on a cru un moment, à la faveur des retardataires qui l’ont gêné et empêché de sauter le double d’arrivée que le jeune était en danger. Il a alors gentiment remis un coup la marche avant, et a récupéré assez d’avance pour gérer. Ce championnat est le sien, comme celui qui pourrait être son père, Christian Craig, sur l’autre côte. La première confrontation est/ouest (16 avril à Atlanta) s’annonce dantesque…

Cameron McAdoo s’est bien récupéré après un départ moyen, et prend une bonne deuxième place, ce qu’il peut espérer de mieux en ce moment dans l’état actuel des choses.

Pierce Brown, lui, progresse course après course, et signe ici son premier podium de la saison, et son deuxième en tout après Daytona l’an dernier. Ceci après avoir remporté sa heat. Compte-tenu des absences, il se positionne comme un troisième homme crédible, entre deux chutes d’RJ Hampshire.

Un RJ qui a lutté une partie de la finale de Détroit avec son âme sœur Jordon Smith. Les deux se connaissent et évoluent ensemble depuis des années, avec le même destin : un moment ou un autre, ça perd l’avant ou ça s’en met une de l’espace. À les voir se battre tous les deux, on ne se demande qu’une chose : quand et comment ça va mal finir… Cette fois, c’est passé, pourtant, sans chutes. Bravo à RJ et à Jordon, qui signe sa meilleure finale de la saison.

Derrière, peut mieux faire pour Oldenburg, pas mal pour Phil Nicoletti. Par contre, il va falloir faire mieux qu’une belle finale dans l’année pour Stilez Robertson s’il veut garder sa place… Partir en tête et finir huit à la régulière, ça ne va pas amuser Roger De Coster longtemps.

Belle remontée d’Enzo Lopes, malgré de nouveaux problèmes d’embrayage, et en passant par le LCQ.

Enfin, Kyle Chisholm, pourtant bien parti, n’a pas fait aussi bien qu’on attendait, après un calage. Partie remise, Chizz va bien nous en sortir une bonne avant la fin. Dès la semaine prochaine à Indy ? Qui sait ?

Par Richard Angot.