Un bâtiment unique en son genre va disparaître du paysage tokyoïte au Japon. Il s’agit d’un duo de tours érigé au début des années 1970. Il est constitué de logements qui sont en fait des boîtes rectangulaires préfabriquées, que l’on appelle des capsules.
140 capsules de 2,5 mètres sur 4 s’empilent les unes sur les autres pour former deux tours de dix et onze niveaux. Chaque capsule est, en elle-même, un logement, avec une porte et un hublot, essentiellement destinées à servir de logement d’appoint pour des salariés de passage fréquent à Tokyo. Elles sont totalement aménagées d’origine, dans le style de l’époque, un peu kitsch, avec un lit-sofa, des rangements, une table qui se déplie, une télé, un téléphone, une chaîne hi-fi encastrée, et une petite unité salle de bain-toilettes.
"Bien comme pied à terre"
Ce concept, signé Kisho Kurokawa, un architecte décédé en 2007, appartient au courant dit métaboliste. Mais il est condamné à disparaître. Uniques en leur genre, les tours Nakagin, sont en train d’être démolies après des années d’efforts en vain de la part des fans pour les sauver. "Lors de la construction, l’intérêt était immense, se rappelle un admirateur, venu faire des dernières photos. Récemment, les médias en parlent à cause de la démolition, donc cette tour intéresse de nouveau, mais elle n’était plus très connue hormis par les amateurs d’architecture. Sur les photos, l’intérieur est vraiment petit, même si en photo ça paraît spacieux. C’était bien comme pied à terre".
Ces tours constituent pourtant un joyau d’architecture. Mais les autorités japonaises n’accordent pas au patrimoine architectural récent la même importance qu’on l’aurait peut-être fait en France. Initialement prévue, la rénovation des boîtes tous les 25 ans n’a pas été faite et le bâtiment est tombé dans un état de délabrement qui ne laisse guère d’autre choix que la démolition. Une mise aux normes antisismiques, par exemple, serait bien trop coûteuse. Les fans le déplorent. "J’aurais aimé que cette tour soit sauvée, mais il y a des problèmes de copropriété, de sûreté, de coûts", admet l’un d’entre eux. "C’est vrai que le bâtiment est vieux désormais, reconnaît aussi une admiratrice de Kisho Kurokawa. La démolition, c’est une chose, mais il serait bien qu’on puisse toujours en voir une partie quelque part".
"J’ai entendu dire que des capsules allaient être exposées dans des musées."
à franceinfo
La consolation sera donc de voir ces capsules dans des musées d’art et architecture ici et là, peut-être même un jour à Paris. Mais cela n’aura jamais le même impact visuel que les tours elles-mêmes.