ANNECY | Driss Ouhmid a raconté comment il a tué Marianne
PUBLIE LE 31/03/2022 parAuriana Castro & Mathieu Hutin - 3524 vues
L’accusé est revenu ce matin sur le crime, la nuit du 16 au 17 août 2019. Moulay-Driss Ouhmid a changé sa version des faits ce matin.
Photo :Strava / H2O / Facebook
Depuis les assises de la Haute-Savoie :Auriana Castro
Mis à jour le 31 mars 2022 à 15h30 :
Au quatrième jour du procès de Driss Ouhmid, qui répond de la mort de sa compagne Marianne Chèze, l’accusé est revenu ce matin sur le crime, la nuit du 16 au 17 août 2019.
Moulay-Driss Ouhmid a changé sa version des faits ce matin. Le témoignage du frère de la victime « l’a décidé » à préciser les circonstances. L’accusé ne prétend plus que les serflex passés autour du cou de Marianne l’ont été pour un jeu sexuel. Récit des déclarations fleuves de l’accusé, la gorge nouée, ponctuées de sanglots dont la sincérité pose question.
En rentrant de la soirée d'anniversaire chez des amis, durant laquelle Marianne a échangé de nombreaux SMS avec son amant, Driss Ouhmid va s'en prendre une nouvelle fois physiquement à sa compagne. C’est pour obtenir le téléphone et son code que Driss Ouhmid a contraint Marianne avec des serflex autour des poignets, puis les chevilles et enfin du cou, avant de se livrer à un « déferlement de violence. »
Lorsqu’il a obtenu le code et le téléphone, l’accusé dit qu’il « était plongé dans son téléphone, paralysé par ce que je vois. A un moment je reviens dans cette scène et je revois Marianne, je vois que quelque chose ne va pas. Le serflex autour de son cou est en train de l’étrangler… »
Il coupe ce premier serflex autour du cou, et selon les déclarations de l’accusé, c’est à la demande de la victime qu’il lui aurait mis un second serflex. « C’est un monstre qui va s’en prendre au corps de celle que j’aime. Je la violente. Je lui serre le cou à maintes reprises. » Il s’isole et la laisse sur le canapé : « Je ne la vois plus et ne l’entends plus. »
Quand Driss Ouhmid revient et s’aperçoit de l’hématome à l’œil, il dit avoir un électrochoc : « Je fuis lâchement la scène, je ne peux plus rester dans la pièce. Je me demande ce qu’il vient de se passer. Je ne pense plus à Marianne, je ne pense qu’à moi, à ce monstre qui est là et qui ne sait pas quoi faire. » C’est l’odeur de la mort qui tirera l’accusé de son lit et : « J’ai compris tout de suite que Marianne n’était plus de ce monde. Je me dis qu’il ne faut pas que les enfants la voient comme ça... La valise est à portée de main... »
Interrogé par l’avocat général et les avocats de la partie civile : « Les monstres ça n’existe pas, c’était vous. – Oui, c’était moi. » Quand la cour s’intéresse à la volonté de tuer ou non Marianne, Driss Ouhmid finira par déclarer : « Je l’ai laissé mourir. »
Intérrogé sur son départ en Italie avec la valise contenant le corps de Marianne. L'accusé dit qu'il ne savait pas quoi faire. Il a demandé à ses enfants et son fils voulait retourner en Italie voir son cousin. Sa fille lui a demandé : « Tu n'emmènes pas la valise de maman ? » Il a donc mis la valise dans le coffre avec les leurs qui étaient déjà prêtes car il était prévu qu'il quittent l'appartement.
L'une des avocates des parties civiles a demandé si Driss Ouhmid avait l'intention de se débarrasser du corps de Marianne et de faire croire qu'elle était partie quelque part. L'accusé a répondu que non, qu'il n' y avait jamais pensé. Relancé par le président de la cour à propos des SMS qu'il a envoyés avec le téléphone de la victime. Driss Ouhmid a persisté que ce n'était pas son intention : « C'était le chaos dans ma tête, j'étais perdu. »
Driss Ouhmid encourt la réclusion criminelle à perpétuité, le verdict est attendu ce vendredi.