Whist…du splendide en faux, en vrai, une suite de rêves plus qu’étranges dans lesquels nous nous plongeons tous, dans un silence étonnant, nous visiteurs sages à Chaillot, dans un hall à la vue superbe sur la Tour Eiffel, une vingtaine de personnes, davantage peut-être, peut-être pas, allant et venant un masque sur le visage, un casque sur les oreilles. L’idée est d’aller fixer son regard sur une sculpture qui semble inoffensive, marbre rayé ici ou là, simple trace au sol, déco presque sans intérêt véritable ? Impression d’un négatif en couleurs, là, sous nos yeux. Puis ce masque, soudain plus autoritaire, nous intime l’ordre de rejoindre tel ou tel de ces blocs, de ces traces. Et le mystère, la folie, la beauté, la peur, débutent. Toutes mêlées parfois.
D’abord parce que nous ne sommes plus à Chaillot, dans le Foyer de la danse, mais sur une table, des invités surprenants festoient de cœurs lourds, à nos pieds dans un plat sale. Ou ailleurs un homme se convulse sur un canapé, dans un salon vide, construit d’éléments déchirés, murs pâles, prêts à se fendre, s’effondrer. A chaque fois, si vous tournez la tête, autre chose surgit. Nous ne sommes pas au théâtre, Chaillot a disparu, nous sommes quasiment prisonniers d’un univers terrifiant. Notre corps ne nous appartient quasiment plus, ce que nous voyons est faux, construit via les limbes informatiques. Les spectateurs sont comme hallucinés, vont lentement d’un enfer à un autre.
Esteban Fourmi et Aoi Nakamura, qui ont créé la compagnie AΦE, n’ont pas choisi de nous promener dans de verts champs fleuris dans lesquels un papillon charmant nous aurait fait tourner la tête vers de tendres enfants jouant aux billes. Non. Avec ces images qu’ils et nous créons, avec ce sentiment de perdre (un peu) l’équilibre, l’attention, la concentration sont forcément plus denses. Esteban Fourmi et Aoi Nakamura mêlent le vrai, le faux, ils ont libéré non pas les fauves, mais le virtuel. Ils nous accueillent très chaleureusement, nous expliquent comment porter ces casques surprenants. Des dizaines de vues sont possibles, et selon le chemin suivi, un sens probable est à découvrir sur leur site internet. Le lendemain, histoire de se détendre un peu entre temps ? La fascination est évidente, et Freud va nous éclaircir tout cela ! Il faut ajouter qu’une équipe très attentive nous suit et nous guette, veille sur tout souci éventuel, technique ou pas. Effectivement, cette magie ne s’offre pas forcément à chacun, attention les yeux ! Et aussi, un petit papier peut être rempli après cette « promenade », pour donner des informations et des précisions sur chaque spectateur, ce qu’ils ont aimés, ou pas, ce qui est pratique ou non, etc.AΦE prend soin de nous, c’est évident. Alors n’ayez pas peur, laissez-vous tournebouler tranquillement.
© Paul Plews
Whist, réalisé par Esteban Fourmi, Aoi Nakamura
Direction artistique : Esteban Fourmi, Aoi Nakamura (AΦE)
Technologie : Happy Finish
Musique : Scott Gibbons, Jozef Van Wissem
Scénographie : James Shaw
Ingénieur son 3D : Oliver Kadel (1.618 Digital)
Dramaturgie : Amanda Fromell
Psychanaliste : Emilia Raczkowska
Avec Nina Brown, Tomislav English, Robert Hayden, Yen-Ching Lin, Steve Rimmer
Jeudi 14 avril :18 h 15 / 20 h 30 / 21 h 30
Vendredi 15 avril :18 h 15 / 20 h 30 / 21 h 30
samedi 16 avril :18 h 15 / 20 h / 21 h / 22 h
Mardi 19 avril :18 h 15 / 20 h 30 / 21 h 30
Mercredi 20 avril :18 h 15 / 20 h 30 / 21 h 30
Jeudi 21 avril :18 h 15 / 20 h / 21 h
Vendredi 22 avril :18 h 15 / 20 h / 21 h
Foyer de la Danse
Durée 1 heure
Chaillot – Théâtre national de la Danse
1 place du Trocadéro
75116 Paris
https://theatre-chaillot.fr/fr/saison-2021-2022/whist