Évènement souvent traumatisant pour les parents, les convulsions chez un enfant en bas âge interpellent et font craindre le pire. Elles ne représentent, heureusement, pas toutes une urgence médicale absolue. Comment réagir ? Le point avec le Dr Jean-Louis Chabernaud, pédiatre-réanimateur à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris.
Qu'appelle-t-on une convulsion chez un bébé ?
La scène est à peine supportable pour le parent qui la vit : pendant plusieurs (longues) minutes, vous voilà, impuissant face aux mouvements incontrôlés de votre enfant en bas âge. Il est pris de convulsions et de tremblements, parfois violents, et vous ne savez pas comment réagir. Pour le Dr Jean-Louis Chabernaud, pédiatre-réanimateur expérimenté à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris, et auteur du livre Le grand livre de mon enfant (Eyrolles), il convient déjà de déterminer ce qu'est une convulsion : « On a tendance aujourd'hui à appeler cela non plus convulsion, mais crise épileptique, que le sujet soit épileptique ou non d'ailleurs. C'est une traduction plus claire de ce que l'on voit, de la décharge majeure qui se produit au niveau de son cerveau. »
Une crise épileptique pourrait se traduire par plusieurs symptômes.
Pour le spécialiste, il est important que l'adulte présent observe la forme de la convulsion pour la détailler par la suite : « Est-ce que les bras et les jambes bougent de la même façon des deux côtés, y a-t-il des mouvements oculaires, la bouche qui se tord. Ces signes peuvent être le fait d'une activité désordonnée d'une zone du cerveau », explique-t-il. « Ce sont des éléments qui vous seront demandés en cabinet comme aux urgences, pour déterminer la crise et en trouver la cause », explique-t-il. Alors premier réflexe en tant que parent : observez.
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Le sujet peut être simple comme compliqué, parfois très préoccupant. Déterminer la cause est donc tout l'enjeu pour l'urgentiste, notamment sur un sujet qui n'est pas épileptique.
Lorsque la convulsion se produit quand l'enfant a de la fièvre, elle est dénommée crise convulsive fébrile, ou hyperthermique. Et c'est heureusement la plus fréquente : « Génétiquement, 2 à 5 % des enfants entre 6 mois et 5 ans, dans le monde, connaîtront au moins une crise de convulsion fébrile », évoque le spécialiste (source 1). C'est une forme de convulsion qui n'est pas forcément grave et qui disparaîtra l'âge de 5 ans.
Cette crise épileptique peut être causée lors d'infections simples, de type rhinopharyngite, otite, toux... et contrairement à ce que l'on peut penser, elle n'a pas besoin d'une forte fièvre pour se produire : on voit des convulsions débuter même lors de fièvres modérées (38 °C). « C'est une réaction du cerveau chez certains enfants en contact avec certains virus, qui vont solliciter les cellules cérébrales de façon anarchique, pendant la phase ou il y a de la fièvre », explique le pédiatre.
Dans ce cas précis, même s'il faut éliminer une cause infectieuse, l'enfant récupère complètement après la crise et ne semble pas affecté. « Il est tout de même important de consulter un pédiatre, la première fois, assure le médecin, pour éliminer une autre cause, et pour comprendre, mais ce sont des enfants qui se portent bien. » Environ 30 % de ces enfants connaîtront une récidive. Un médicament par voie orale, le midazolam, peut alors être administré pour faire cesser la convulsion.
On sait également qu'une cause infectieuse comme une méningite, ou une encéphalite herpétique, peuvent provoquer une crise épileptique. « Même s'il y a moins de risque aujourd'hui de contracter cela, les bébés étant vaccinés assez tôt contre plusieurs bactéries ». Ces causes infectieuses provoquent également de la fièvre, mais l'enfant ne récupère pas rapidement comme avec une crise fébrile classique.
À lire aussiBien plus sérieuses, des convulsions peuvent également arriver lors d'un traumatisme, lors d'une chute par exemple. « Il suffit parfois d'une chute du canapé, ou bien souvent de la table à langer pour provoquer des convulsions. Si un hématome se forme dans le cerveau de l'enfant, la convulsion peut provoquer des mouvements oculaires, et des signes dissociés ». L'enfant ne se remet pas en quelques minutes. Il convient de faire rapidement appel au 15 et aux services d’urgence.
Autre cause qu'il faut garder à l'esprit : l'intoxication. La convulsion peut survenir après l'absorption de médicaments par exemple, ou en présence de monoxyde de carbone, qui peut arriver dans les foyers en hiver, lorsque les chauffages ne sont pas aux normes. « Ce sont les enfants qui connaissent les effets en premier, car ils sont plus petits et en position allongée. » Au moindre doute, il faut appeler les secours pour savoir si toute la famille est en train de s'empoisonner.
Les enfants qui connaissent des problèmes de reins, ou une maladie qui les prive de sodium, potassium et calcium peuvent également connaître des épisodes de convulsion. C’est aussi le cas pour les enfants qui souffrent d'hypertension.
Que faire, quelle attitude tenir en cas de convulsion ?
Dans la mesure du possible, le parent est invité à rester calme auprès de son enfant et à observer les mouvements produits au cours de la convulsion : mouvement d'un seul côté ou des deux, mouvements de la bouche, des yeux, etc. Toute précision sera utile en cas d'appel au 15.
Quelques réflexes peuvent aussi être utiles selon le spécialiste :
Dans quel cas faut-il appeler le SAMU ?
Les crises épileptiques sont des urgences. Pour le pédiatre-réanimateur, ce n'est pas une bonne idée de courir chez son médecin même si la crise est courte, au cours d'une affection passagère virale avec fièvre et que l'enfant semble tout à fait normal par la suite.
Les situations qui nécessitent de contacter au plus vite le Centre 15 pour qu’une équipe intervienne auprès de l'enfant sont :
Dans ces cas, une équipe du Samu sera envoyée sur les lieux pour prendre les mesures d'urgence qui s'imposent.
Que va faire le médecin ou l'urgentiste ?
Ce qui intéresse le médecin urgentiste en premier lieu, c'est d'avoir le plus d'éléments en main, et de voir comment le bébé récupère de sa crise. Cela dépend évidemment du contexte de convulsion. C'est à ce moment-là que toutes les informations peuvent lui servir : vos observations, vos doutes sur l'absorption d'un médicament ou d'un produit, le contexte, la fièvre présente ou non, etc.
Dans le cas d'une chute, et de mouvements oculaires qui peuvent induire un hématome dans le cerveau, un scanner sera tout de suite pratiqué pour connaître les conséquences du traumatisme.
Dans le cas d'une fièvre présente, toute la question est de discerner s'il s'agit d'une convulsion fébrile sans conséquence ou d'une cause infectieuse. Si l'enfant est au milieu d'un rhume, qu'il récupère très vite et semble tout à fait normal, il y a de fortes chances que la cause fébrile et bénigne soit la norme. En cas de doute, l'hôpital procédera à des examens complémentaires :
L'enfant gardera-t-il des séquelles de ces convulsions ?
Dans le cas d'une crise bénigne, et d’un retour rapide à l'état normal, aucune inquiétude, les crises épileptiques ne laisseront aucune séquelle à votre enfant et ne seront qu'un mauvais souvenir pour les parents.
Pour le reste des causes, l'urgentiste rappelle que tout est fait pour éviter les séquelles à votre enfant, et qu’une prise en charge rapide limite le risque de séquelles. Mais la réponse ne peut être donnée qu'au cas par cas selon la cause et le contexte de convulsion.
Source 1 : 2 à 5% des enfants connaissent des crises fébriles , la crise fébrilé, site sfpediatrie.fr
Ressources : Les crises convulsibles fébriles de l'enfant, site ameli.fr
A lire aussiAuteur : SMagali Régnier, journaliste santéExpert : Dr Jean-Louis Chabernaud, pédiatre-réanimateur à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris, auteur du Grand livre de mon enfant, Eyrolles 2016 Article publié leSUIVANT: Félix, Bergevin et Snoop Dogg