3 matchs, 3 victoires, près de 35 points de moyenne inscrits, l'équipe de France rayonne en ce 6 Nations 2022. À tel point qu'il semble aujourd'hui inenvisageable de voir la bande à Antoine Dupont ne pas rafler la mise, et remporter un deuxième titre depuis la prise de fonction de Fabien Galthié après celui de la Coupe du Monde 2023. De là même à penser au tant désiré ''Grand Chelem'', 12 ans après. Un ''Grand Chelem'' auquel ''ne veut pas penser'' Matthieu Lartot qui a pourtant prononcé ce mot plus de fois en 2 semaines que Fabien Galthié n'a attrapé le Covid en une année. Vous l'aurez donc compris, on en vient à se demander qu'est-ce qui pourrait aujourd'hui arrêter une formation qui semble marcher sur l'eau, à qui tout réussi depuis plusieurs mois.
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Le célèbre boulard français
Ça fait partie de notre ADN, de notre histoire. Être français, c'est d'accepter pouvoir échanger avec Jonny Wilkinson en début de soirée et finir par parler rugby avec Vincent Moscato aux alentours de 3 heures du mat' (la question étant de savoir que font Wilkinson et Moscato à une même soirée ?). C'est lorsque l'on tutoie les sommets, que l'on semble invincible que le lendemain, on est couvert de honte, frappé par une nouvelle terrible désillusion.
Le sport français et le rugby en particulier n'échappent pas à cette règle. Le pire adversaire de la France ? La France. La faute à une certaine suffisance peut-être, mais surtout à cette désagréable habitude de se voir trop vite arriver, trop beau, trop fort, de se sentir supérieur aux autres. Une manière peut être aussi de se cacher derrière cela plutôt que d'avouer la supériorité d'un adversaire. Bref, en français, on appelle ça tout simplement : ''avoir le boulard''. Or dans cette équipe de France, rien n'est pareil. Les joueurs paraissent humbles, droits dans leurs baskets, presque trop parfaits. Antoine Dupont est le meilleur joueur au monde mais n'a jamais une parole plus haute que l'autre. Idem pour Cyril Baille, Grégory Alldritt ou Anthony Jelonch qui semble toujours sourire et de bonne humeur même lorsqu'on lui annonce que France 3 Aquitaine vient faire un énième reportage dans sa ferme familiale. Le tout, entouré par un staff, qui fait tout son possible pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Une nouvelle génération qui a semble-t-il, appris des erreurs passées et qui reste lucide sur les prochains objectifs. Et ça aussi, c'est une nouveauté.
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La guerre en Ukraine
Bon, que l'on soit clair, on va éviter de vous prendre la tête avec ce sujet qui tourne plus en boucle sur les journaux télés que le dernier album de Stromae. Actuellement, chacun trouve bon de donner son avis. Francis Lalanne a osé s'y aventurer avant de s'attirer les foudres de Touittère alors que Vincent Clerc a déclaré : ''la guerre, c'est mal, la paix c'est bien''. Je me permets donc logiquement moi aussi de déblatérer quelques absurdités même si je ne maîtrise pas le sujet (ce qui par ailleurs est le principe même des réseaux sociaux). Je vous rassure, ça ne sera pas plus gênant que les commentaires sur la chaîne Youtube de France Rugby lors de l'annonce de la compo. Bref, vous l'aurez compris, tout le monde en parle. Peut-être parce que comme diraient les intervenants de BFM TV (sûrement d'anciens rugbymen), les Ukrainiens sont comme ''nous, des européens qui roulent dans de belles voitures et qui vivent dans de belles maisons''. Mais là n'est pas la question. Les Bleus sont dans leur bulle, une bulle imperméable, et ont prouvé dans un passé récent que rien ne pouvait la percer. Pas même un missile russe. Les Tricolores essaient de faire abstraction du monde extérieur et se concentrer sur leur jeu, sur leur propre aventure, focalisés donc sur un même objectif, remporter le Tournoi. Difficile donc de penser qu'une guerre va venir perturber la préparation des Bleus. Mais les derniers jours ont appris à ne jamais sous-estimer l'oncle Poutine, et en ce sens, on n'espère que la guerre ne débordera pas des frontières actuelles. Sous peine de voir un nouveau Tournoi gâché. Tout ça alors qu'en 2 semaines, le Covid a - semble-t-il - totalement disparu.
Le Pays de Galles
Si contrairement aux années précédentes, aucun élément extérieur ne semble en mesure de venir contrarier la marche en avant des hommes de Fabien Galthié, penchons-nous donc du côté des adversaires. À commencer par le Pays de Galles, prochain rendez-vous pour le XV de France. Les hommes du XV du Poivrot (je parle bien évidemment des supporters présents dans les tribunes du Principality Stadium) vivent un Tournoi compliqué, la faute à d'innombrables absences. On pense notamment au troisième ligne croate Tipuric, au septuagénaire Alun Wyn Jones ou encore au fils spirituel de Bob Marley, Josh Navidi. Plus sérieusement, la formation galloise semble trop amputée pour pouvoir embêter le XV de France. Bien pâles contre l'Irlande, les Gallois n'ont pas démérité face aux Anglais mais ont surtout fait preuve d'un courage et d'une abnégation sans faille pour décrocher le bonus défensif. Scénario similaire face aux Écossais, pour glaner une victoire à l'arrachée quinze jours auparavant. Loin de nous l'idée d'enterrer les hommes de Pivac, surtout lorsque l'on connaît leur état d'esprit dans un Principality Stadium qui reste l'une des plus belles ambiances au monde et donne les ''frissons'' à Matthieu Lartot. Mais leur jeu reste actuellement limité et les Bleus sont légitimement les favoris de cet affrontement et doivent s'en sortir. Mais, paradoxalement, on ne peut s'empêcher d'avoir un désagréable pressentiment.
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Jarvo 69
Lui, c'est Jarvo 69. Outre son nom un poil ridicule, sa passion est de rentrer sur les terrains, amuser la galerie et repartir escorté par des stadiers qui ne le connaissent pas. Un peu comme Alexi Balès. Mais nous ne sommes pas à l'abri d'une mauvaise blague du trublion, qui pourrait à l'instar d'un supporter gallois cet automne face à l'Afrique du Sud, entrer sur la pelouse du Stade de France pour annihiler l'action de l'essai de la gagne contre l'Angleterre. Sorry good game. Quand ça veut pas...
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L'Angleterre et Marcus Smith
En France, il agace au plus haut point. Pourtant, Marcus Smith est un véritable diamant brut, un ouvreur d'instinct comme on en trouve très peu sur la planète ovale. Sa rage de vaincre est considérée par les supporters français comme de ''l'arrogance'', chose qui heureusement, n'existe pas chez les fans du XV de France après 3 victoires consécutives dans le Tournoi. On le sait, même s'ils n'ont plus rien à jouer et qu'ils ne séduisent pas depuis le début de la compétition, les Anglais aiment une chose par-dessus tout, gâcher la fête aux Français. Imaginez un peu. Un samedi soir en prime time, 80 000 spectateurs, 10 millions de téléspectateurs réunis sur leur canapé (je le sais c'est moi qui les compte à chaque match) pour un premier Grand Chelem depuis 12 ans. Les journalistes de France Télévision explosent s'ils disent du mal du XV de France, vendent l'évènement toute la semaine et tout le pays est derrière les Galthié's boys. Et puis d'un coup patatra. Marcus Smith crucifie le Stade de France d'un drop et en tribunes, Owen Farrell sourit aux côtés de Matthieu Jalibert. Asie Rugby rappelle que le père de Smith, bourreau de l'équipe de France, était deuxième ligne en 3ème division du championnat des Philippines. Médecin, Serge Simon essaie tant bien que mal de falsifier les tests PCR négatifs des joueurs anglais mais Bernard Laporte l'en empêche, rappelant que tricher dans le rugby ne fait pas partie des valeurs de l'ovalie. La France termine deuxième dans le costume du perdant magnifique, l'Irlande remporte le Tournoi et les supporters tricolores retournent leur veste. Une journée banale dans le rugby français en fin de compte. Et c'est pour ça qu'on l'aime.