Devant sa vitrine brisée, Sandrine Callu reste interdite. « Je me suis résignée à acheter deux rideaux métalliques : 5 668, 80 €. Le prix de ma sécurité à La Roche-sur-Yon. »
Après trois cambriolages en six mois, la patronne du coffee-shop La Joséphine en a marre de balayer les bris de verre. « Je n’aurais jamais imaginé ça dans une petite ville. » Épuisée par des nuits sans sommeil, elle a donc fini par se « barricader ».
Comme lui avait suggéré le référent sûreté du commissariat de police, après la dernière intrusion nocturne du 19 avril.
Moulin de La Roche, Sicard
Le phénomène n’est pas isolé. Au Moulin de La Roche, boulevard Lyautey, la boulangerie de Frédéric Templier a été cambriolée quatre fois en un an. Dans le centre-ville, place Napoléon, la boulangerie Sicard ne compte plus les dégradations sur sa façade vitrée.
Au sud, de nouveaux boulangers, fraîchement arrivés et déjà cambriolés, préfèrent faire profil bas. « Ça serait dommage de leur donner des idées », glisse ce nouvel artisan, volé début mai.
La menue monnaie
Depuis le 1er janvier 2020, dix plaintes pour cambriolages dans des boulangeries ont été déposées au commissariat de La Roche-sur-Yon.
« En plus de ces dix faits, des dégradations ont été enregistrées sans que cela apparaisse comme un cambriolage, au regard des modes opératoires et des constatations ou déclarations des gérants », précise le commissaire Laurent Dufour.
Ces faits se sont accentués durant cette singulière année marquée par les confinements successifs.« Ces commerces indispensables sont les seuls à être restés ouverts pendant les confinements, et à manipuler de la monnaie. Ces fonds de caisses intéressent les voleurs », décrypte le commissaire.
30 à 45 secondes
En opportuniste, les malfrats visent les vitrines non protégées, équipées de portes coulissantes en verre, à deux battants.
« Ils forcent avec le pied sur le bas des portes et passent en dessous. Quand l’alarme se déclenche, ils savent qu’ils ont entre 30 et 45 secondes pour voler la caisse, avant que la police arrive », explique Sandrine Callu.
Quand la caisse est vide, restent des menus larcins et les dégâts à payer pour les propriétaires. « Le ressenti est terrible pour les victimes, confiait déjà le commissaire Dufour dans le journal du jeudi 29 avril. Ce viol de l’intimité est particulièrement violent lorsqu’il s’agit d’un outil de travail. »
Épiphénomène
Face à la hausse des vols sur les boulangeries, Pierre Lefebvre, adjoint à la sécurité, préfère élargir la focale : « Il n’y a pas qu’à La Roche. Je me suis renseigné, c’est le cas partout. J’ai appelé Angers, ils ont le même problème. »
Pour l’élu, le cas yonnais relèverait plus de « l’épiphénomène » lié à une poignée d’individus, que d’un « ensauvagement » de la ville.
Pour y mettre un terme, l’adjoint mise sur la vidéosurveillance. « On a un maillage de 77 caméras sur la voie publique. Les vidéos peuvent nous fournir des preuves pour les arrêter. »
« Tout bunkériser »
L’élu préconise également une « surveillance adaptée des sites sensibles par rapport au moment où les faits sont commis ». Autrement dit, après 20 heures, à la Police nationale de faire le boulot.
Enfin, Pierre Lefebvre conseille aux commerçants de faire appel, en amont, au référent sûreté de la police. Histoire de pointer les faiblesses de l’établissement et de s’équiper en conséquence. Pour l’adjoint, la solution est simple : « Il faut tout bunkériser pour être tranquille. »
Un phénomène localisé
Contacté, Aurélien Gillaizeau, président de la fédération des boulangers-pâtissiers de Vendée, assure que le phénomène reste cantonné à La Roche-sur-Yon. Aucune remontée de terrain ne va dans le sens d'une recrudescence des cambriolages sur les boulangeries vendéennes durant l'année écoulée. Pour cause, « de plus en plus de commerces s'équipent de caméras et de monnayeurs automatiques, comme des coffres-forts. Ce qui dissuade les voleurs. »
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