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Sexcrimes, Sliver, Color of Night... le meilleur du pire des films érotico-neuneu

Il n'y a pas que des Basic Instinct dans la vie. Il y a aussi Sliver avec Sharon Stone, Sexcrimes avec Denise Richards, le navet Color of Night avec Bruce Willis, d'autres films plus ou moins érotiques et nuls.

Basic Instinct est certainement le mètre étalon du thriller érotique hollywoodien (piraté par un réalisateur hollandais et un scénariste américano-hongrois), mais il n'était ni le premier ni le dernier. La décennie des années 90 a largement contribué à remplir les étagères des vidéoclubs accessibles sans avoir à passer le rideau interdit du rayon porno, tout en participant à la renommée de quantité d'acteurs et actrices prêts à être transformés en fantasmes sur patte.

De Brian de Palma (Body Double) à David Cronenberg (Crash), en passant par les sœurs Wachowski (Bound) ou même David Lynch (Blue Velvet), la formule a inspiré une poignée de films cultes. Les succès de Liaison fatale et Proposition indécente ont prouvé l'évident intérêt des foules pour ces films (pseudo) érotiques. Et la seconde vie respectable de films comme The Last Seduction a contribué à rendre cette sous-famille du thriller particulièrement passionnante.

Mais parce que le monde a tort d'oublier certains films gravement ratés, mais joyeusement mauvais dans le genre, Ecran Large a sélectionné 10 thrillers érotico-neuneu, peuplés de femmes fatales à deux balles, de scènes de sexe aussi molles qu'une tranche de jambon, et avec parfois quelques savoureux moments à saluer.

Le trône de Sharon Stone dans l'indétrônable Basic Instinct

L'Orchidée sauvage

Durée : 1h45 - Sortie : 1990

Mickey roule

Le prétexte érotico-neuneu : Emily est avocate. Pour la première fois de sa vie, elle quitte les USA à l'occasion d'un voyage professionnel qui l'amène jusqu'au Brésil, où elle doit accompagner une opération immobilière. Elle y rencontre James, un homme fortuné, qui refoule ses émotions et entend lui faire découvrir puis adopter une sexualité débridée.

L'intérêt érotico-neuneu : Quel curieux mélange que cette partouzerie de studio. Si au moment de sa sortie, Basic Instinct n'a pas encore carbonisé le genre, le thriller érotique hollywoodien tire manifestement à la ligne, s'auto-cite et se recycle, tandis que son imagination s'assèche et que ses coutures se font à chaque film plus visible. C'est d'autant plus criant ici que la structure du récit évoque directement le culte Emmanuelle, dont il mâchouille mollement le canevas autour de l'initiation d'une jeune sainte nitouche par un homme plus riche et plus âgé, le tout dans un décor supposément exotique.

Et c'est peut-être ça le premier intérêt du métrage, à savoir l'univers de stuc, strass, muqueuses gonflées et paillettes où il se déroule. Une chose est certaine, ce Brésil de carton-pâte est aussi authentique que le sourire d'un présentateur télé des années 90, son goût mauvais, ses couleurs criardes et son sens de la démesure sans borne, fond ou retenue lui permet de dérouler à chaque séquence une atmosphère tour à tour absurde et kitsch, en font un objet de curiosité. Pensé comme un morceau de bravoure aguicheur, à la direction artistique fastueuse, le film n'a pas eu besoin de subir le poids des années pour instantanément se transformer crème anglaise séminale à nulle autre pareille.

",Mais où ai-je mis ce satané saxophone ?"

Mais ce qui en fait encore aujourd'hui une proposition remarquable, c'est l'histoire d'amour qui naquit en coulisses, puisque les deux principaux interprètes, Carré Otis et Mickey Rourke, entamèrent une liaison passionnée à même le plateau, qui aboutit à un mariage en bonne et due forme. Cette histoire d'amour, utilisée par le studio à des fins promotionnelles, devait engendrer la légende urbaine selon laquelle les comédiens auraient fréquemment copulé devant la caméra, au mépris de la vraisemblance de l'entreprise. Le mythe a beau être un beau mensonge, on sent bel et bien l'alchimie, en grande partie sexuelle, qui unit les deux artistes sur le plateau. Combiné à l'artificialité de tout ce qui l'entoure et au jeu navrant des intéressés, le résultat est une fièvre nanarde tout à fait singulière.

La grande scène : L'adjectif grande est à nettoyer au white spirit puis à prendre avec des pincettes, mais s'il y a bien une scène à retenir de cette embarrassante tarte à la crème de foutre, c'est la séquence de sexe "kama-sutra style" qui unit Rourke et Otis, parmi les plus explicites vues au sein du cinéma américain, à la fois férocement sensuelle et improbable de ridicule. Si les interprètes échangent moult fluides avec une indéniable bonne volonté, et que leur mélange de charisme, de beauté et d'animalité fait des merveilles, le dispositif environnant les sabote délicieusement.

Saxophone érectile, draps volants aux ralentis, litres de fausse sueur jetée à la face des comédiens, mouvements improbables et positions étirées curieusement, on est en permanence équidistant de la rupture du corps caverneux et du fou-rire.

Sang chaud pour meurtre de sang froid

Durée : 2h05 - Sortie : 1992

Kim Basinger et Richard Gere jouent au Scrabble

Le prétexte érotico-neuneu : Isaac Barr, psychiatre (un motif récurrent), traite Diana, une patiente particulièrement difficile et peu communicative. À la recherche d'informations, il rencontre Heather, la soeur de Diana, tombe immédiatement amoureux et couche avec elle. Malheureusement, Heather est marié à un homme malfaisant, un vicieux et dangereux gangster dont elle entend se débarrasser. Et Isaac pourrait bien l'aider à son corps défendant.

L'intérêt érotico-neuneu : On vous a entendu rire jusqu'à Proxima du Centaure en découvrant le titre français du film de Phil Joanou, traduit de Final Analysis probablement par l'anglophile reconnu Jean-Pierre Raffarin au cours d'une beuverie à la Pelforth tiède. Et pourtant : derrière ce titre se cache un film certes raté, mais qui a le mérite de n'être ni un caprice de star ni un prétexte pour mater du sexe en douce. Non, Sang chaud pour meurtre de sang-froid est un vrai film néo-noir, qui tente de raconter une vraie histoire et de faire de la mise en scène.

D'ailleurs, Sang chaud pour meurtre de sang-froid ne contient qu'une seule scène érotique à proprement parler, et au tout début du film qui plus est, comme s'il était urgent pour le récit de remplir le cahier des charges et d'évacuer le plus vite possible les passages obligés pour mieux se concentrer sur les thèmes on ne peut plus sérieux du film, à savoir le viol incestueux/conjugal, la domination sexuelle et les violences misogynes. Alors, rassurez-vous, même si les intentions du scénario sont nobles et que Sang chaud pour meurtre de sang-froid est une des "moins pires" entrées de cette liste, cela reste mal fait.

Uma Thurman

Toutes ces thématiques sont en effet abordées sous un angle désespérément habité par une forme de complexe du sauveur masculin, à tel point qu'on se demande pourquoi Richard Gere est le héros triomphant du film alors qu'il ne fait rien et que Kim Basinger et Uma Thurman en bavent pendant tout le film pour échapper à leurs destins tragiques. À ce titre, Sang chaud pour meurtre de sang-froid est plus un pot-pourri d'influences mal digérées qu'autre chose, et dont il ne resterait que la surface. Et quelle surface ! (Non on ne va pas parler de la plastique des actrices, concentrez-vous).

Si la mise en scène est loin de faire des étincelles, la photographie est quant à elle régulièrement impressionnante. Dix ans après Blade Runner, on se demande bien ce que le chef opérateur Jordan Cronenweth est venu faire dans cette histoire, tant sa maestria est évidente à chaque photogramme. Si le récit se perd dans des circonvolutions inutiles et des rebondissements absurdes, au moins l'exercice de style est réussi. À noter également un Eric Roberts, parfaitement révulsant et flippant dans le rôle du méchant (quelle surprise).

La fameuse hystérie

La grande scène : Kim Basinger et Richard Gere se font plaisir sous une lumière tamisée passée au travers de stores qui dessinent des formes sur leurs peaux. Il y a de jolies couleurs, quelques échanges d'ADN parsemés de gros plans un peu voyeurs sur la poitrine de Kim Basinger. Voilà, c'est à peu près tout, la lumière est superbe, l'ennui aussi.

La scène est totalement gratuite et ne raconte absolument rien des deux personnages, son seul intérêt est purement cosmétique. Et érotique, on suppose (et encore, c'est tout de même très sage). Bref, rien de bien intéressant à voir, sauf si, comme l'enfant dans Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, vous n'avez jamais vu de vieux monsieur tout nu.

Boxing Helena

Durée : 1h45 - Sortie : 1993

Branlette intellectuelle

Le prétexte érotico-neuneu : Nick Cavanaugh est un chirurgien (riche, comme d'habitude) d'Atlanta. Confronté dès l'enfance à la sexualité de ses parents, il développe une fascination pour la jeune et libre Helena, avec qui il a déjà couché. Mais on se rend bien compte que le bonhomme tient moins de l'amoureux transi que de l'obsédé malsain, très malsain. Alors qu'il la poursuit, elle se fait percuter par un camion. L'occasion pour Nick de prendre soin d'elle, à sa façon.

L'intérêt érotico-neuneu : Dès le début des années 1990, et a fortiori après la sortie de Basic Instinct, le thriller érotique a cédé à une surenchère délirante, qui a atteint des sommets d'absurdité, comme en témoignent la plupart des films de ce dossier, et des sommets de morbidité, comme en témoigne Boxing Helena, peut-être la dégénérescence la plus hallucinante du genre. Soyez prévenus : impossible de plonger dans cette émanation putrescente sans griller son concept.

Dernier avertissement

C'est le producteur Philippe Caland qui a l'idée en premier et qui cherche une femme pour la concrétiser. Il la confie donc à Jennifer Lynch, fille de David, qui évidemment rejette la proposition avant d'accepter à condition d'y ajouter sa vision des choses, sans se douter qu'il va lui proposer de carrément réaliser le long-métrage. Incroyable, mais vrai, Madonna a failli jouer Helena, avant que Kim Basinger s'y intéresse et finisse par décliner à son tour, entraînant un procès qui a fait les choux gras d'Hollywood pendant plusieurs mois. C'est finalement la pauvre Sherilyn Fenn de Twin Peaks qui a hérité du rôle, celui d'une femme amputée des quatre membres et séquestrée par son harceleur.

N'importe quel être humain à peu près normalement constitué et au casier judiciaire à peu près vierge voit dans ce pitch une métaphore de la masculinité toxique doublée d'un film d'horreur craspec, citant Misery et anticipant La Piel que Habito. Que nenni. Si Boxing Helena entend bien montrer une masculinité qui ampute littéralement les femmes sur lesquelles elle jette son dévolu... il le fait avec les codes et l'esthétique libidineuse des pires thrillers érotiques du moment. Forcément, le résultat est atroce.

La partie "syndrome de Stockholm", un monument de malaise

C'est simple : rien ne va, de la performance surréaliste d'un Julian Sands persuadé de jouer la version sexuelle de Norman Bates aux quelques apparitions écrites à la machette d'un Bill Paxton égaré, de la lourdeur métaphorique (prenez un shot à chaque gros plan sur une statue sans bras) à l'aspect télévisuel de la réalisation.

Le pire étant peut-être ce scénario qui échoue à peu près tout ce qu'il entreprend, se désolidarise in extremis de son propre postulat dans un twist interdit par la guilde des scénaristes et rate dans les grandes longueurs le personnage d'Helena, censé incarner une féminité trop affirmée qui se brise sur les obsessions du patriarcat. Pour ce faire, il la déshabille au beau milieu d'une fête mondaine et lui intime de masturber allégrement les jets d'eau sous les yeux des invités. C'est ce qu'on appelle de la caractérisation ! Et ce n'est même pas la pire scène.

Une soirée normale

La grande scène : Passé l'heure de film, on est prêt à accepter n'importe quoi. Pourtant, rien ne peut nous préparer à la scène de sexe centrale. La pauvre Helena, désormais femme-tronc, assiste aux ébats de son ravisseur avec une prostituée. Alors que Nick met à profit l'expérience qu'il a acquise lors de ses rêves humides avec la femme qu'il a mutilée (oui), celle-ci se mordille les lèvres d'excitation devant leur missionnaire lascif, filmé n'importe comment et monté sur le morceau Sadeness d'Enigma. S'il existe un enfer, il projette cette séquence en boucle.

Sliver

Durée : 1h46 - Sortie : 1993

Elu couple le moins plausible des 90s

Le prétexte érotico-neuneu : Après le meurtre mystérieux d'un faux sosie de Sharon Stone, la vraie emménage dans un immeuble chic de New York. Et alors qu'elle tombe sous le charme d'un voisin musclé et que d'autres morts sèment la panique, elle commence à se demander si l'appétit sexuel de monsieur n'est pas la preuve qu'il est un détraqué. Indice chez vous : il est propriétaire de l'immeuble, et a installé des caméras partout pour mater les locataires.

L'intérêt érotico-neuneu : S'il y a bien un film qui mérite l'étiquette de sous-Basic Instinct dans les années 90, c'est Sliver. Même actrice, même scénariste, même cocktail de meurtres et orgasmes, même jeu sur une relation sexuello-criminelle : c'en serait presque drôle si ça n'était pas aussi mauvais.

Adapté du livre d'Ira Levin, Sliver était d'abord un gros coup pour le producteur Robert Evans, en quête d'une résurrection après le désastre de Cotton Club, de Francis Ford Coppola (flop au box-office, et surtout une histoire de drogue et de meurtre digne d'un mauvais film). Réunir Sharon Stone et le scénariste Joe Eszterhas, avec le réalisateur Phillip Noyce (Calme blanc, Jeux de guerre), était en théorie l'idée de la décennie. Et le résultat a été à la hauteur côté box-office, puisque la promesse érotico-régressive a attiré le public (plus de 116 millions au box-office, pour un budget de 30-40 millions) ; en plus d'avoir une carrière évidemment solide en vidéo.

A priori, Sharon était stone quand elle a signé


C'est bien la seule victoire de Sliver, qui a été une tendre douleur pour tout le monde. Sur le tournage, la tension était apparemment réelle entre Sharon Stone et William Baldwin. Pendant la post-production, Phillip Noyce s'est arraché les cheveux pour éviter les foudres de la censure d'une interdiction aux moins de 17 ans. Durant les reshoots, les tensions sont devenues plus grandes encore.

À l'écran, c'est un sommet de ringardise, écrit avec la finesse d'une tractopelle, dans le suspense comme dans le sexe. Voici donc le récit passionnément neuneu du voyeurisme et de la scopophilie qui habitent en chacun, illustrés par un pervers de niveau 15 qui profite de son argent et pouvoir pour mater tous ses voisins depuis sa panic room de branlette de luxe. L'innocente héroïne se laisse prendre au jeu, d'abord avec un télescope, puis avec un visionnage de toutes ces vies comme un dimanche aprem en gueule de bois sur Netflix.

Les quelques traits d'esprit du scénariste Joe Eszterhas, qui semble crier à l'aide ou cracher au visage du public, via le personnage d'écrivain arrogant et insupportable ("Vous n'aimez pas le sexe et la violence ? Ça fait vendre, vous savez"), rendent la chose encore plus bête et cynique. Et la fin, digne d'un sketch, où l'héroïne zappe en regard caméra après avoir dit "Get a life" au pervers priapique, est la cerise sur le gâteau.

Ce poteau est feng shui

La pire faute de Sliver est d'être profondément mou du gland, puisque le film échoue autant du côté du thriller sensuel que du thriller tout court, la faute notamment à des personnages totalement ridicules et des acteurs médiocres (William Baldwin se cache derrière les poils de ses beaux pectoraux, et Tom Berenger est fade au possible). Des scènes de meurtres parfaitement insignifiantes (les coups de couteaux ultra cut dans la cage d'escalier, la poursuite molle jusqu'à l'ascenseur) au suspense sur l'identité du meurtrier, c'est un anti-Basic Instinct à tous les niveaux. La mise en scène et le montage n'arrangent rien, avec des ellipses, des musiques et des effets de style affreux.

La grande scène : Peut-être Sharon Stone̶a̶t̶t̶a̶q̶u̶é̶e̶ contentée entre deux gros poteaux (celui de l'immeuble, et celui de Zeke), pendant qu'il pleut dehors, et que Principle of Lust d'Enigma passe en fond. C'est indigne d'être comparé à la scène de sexe brutal entre Michael Douglas et Jeanne Tripplehorn dans Basic Instinct, forcément copiée ici. D'autant que ça dure 20 secondes avant un fondu au noir indécent.

Seule raison de rire face à ce carnage estampillé 90s : se souvenir que c'est moins pire que l'immonde Basic Instinct 2.

Sexcrimes, Sliver, Color of Night... le meilleur du pire des films érotico-neuneu

Body

Durée : 1h34 - Sortie : 1993

"Excusez ma tenue, je ne savais pas que vous étiez là..."

Le prétexte érotico-neuneu : Comme Kim Basinger dans 9 semaines ½, Madonna incarne une galeriste d’art particulièrement attirée par les plaisirs de la chair. Sauf qu’elle est accusée du meurtre de son amant qui est comme par hasard un homme d’âge mûr, riche et puissant. Elle est la coupable toute trouvée, mais heureusement, son avocat Franck Dulaney, sous les traits du très sage Willem Dafoe, est là pour la défendre. Et il a lui aussi une appétence toute particulière pour l’art du BDSM.

L'intérêt érotico-neuneu : À première vue, Body a cette particularité d’être un film de procès avec en point d’orgue les récréations sexuelles violentes, mais savoureuses, entre un avocat et sa cliente. Avec en plus la rencontre inattendue entre Madonna et Willem Dafoe, filmés par le réalisateur allemand Uli Edel (passé sur Twin Peaks, et derrière les adaptations de Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... et Dernière sortie pour Brooklyn), il y avait là un film atypique.

Sauf que Body (ou Body of Evidence en version originale, soit un bien meilleur titre) reste bel et bien un basique remodelage de Basic Instinct, sans le talent ni la perversité de Paul Verhoeven et le scénariste Joe Eszterhas. D'où la sensation d'un film de seconde zone, sans surprise oublié par à peu près tout le monde depuis.

La passion version Madonna

Le scénario signé Brad Mirman est le premier gros problème. Le doute sur la culpabilité de Rebecca Carlson n’est jamais véritablement exploité, et même si la résolution prétend le contraire, l'ambiguïté de cette amatrice du fouet et de menottes n'existe pas. Seule lumière dans ce tunnel d'ennui : les séquences érotiques, assez inventives, et l’investissement des deux acteurs. À l'époque, Madonna enchaînait les films sans passer inaperçue, que ce soit grâce au succès (Recherche Susan désespérément, Une équipe hors du commun) ou aux échecs (Who's That Girl, Shanghai Surprise). Et Body est dans la deuxième catégorie, avec un succès très modeste en salles, et une reconnaissance pour la chanteuse aux Razzie, comme pire actrice de l'année.

À noter également la présence de Julianne Moore, alors quasi inconnue, et qui en a gardé un mauvais souvenir à cause notamment d'une scène de nudité. En 1997, elle racontait au Los Angeles Times : "C'était horrible. J'étais trop jeune pour savoir. C'était la première fois qu'on me demandait ça, et ça s'est révélé être complètement gratuit et hors de propos. C'était un film terrible et une terrible interprétation pour moi".

Blonde ambition

La grande scène : Plutôt que l'évidente grande scène de sexe à la bougie coulante, c'est une séquence improbable dans un parking souterrain. Rebecca Carlson entraîne Franck Dulaney dans l’un des endroits les moins sexy de la terre, afin de forniquer sur une voiture (et non pas à l’intérieur). La chorégraphie est plutôt acrobatique et à la suite de ce grand moment de plaisir, Franck ressortira le dos tâché de sang à cause des éclats de lampe que Rebecca a explosée pour être à l’abri des regards. Difficile ensuite de défendre sa cliente…

Color of Night

Durée : 2h01 - Sortie : 1994

Quand t'es perdu dans la Bruce

Le prétexte érotico-neuneu : Bill Capa, psychiatre, décide d'aller se mettre au vert chez un confrère après le suicide d'une de ses patientes en pleine séance. Une mise au vert qui tourne au rouge lorsque l'ami en question est assassiné. Bill mène l'enquête parmi les patients du défunt et au passage, démarre une aventure torride avec une (beaucoup trop) jeune inconnue rencontrée par hasard, après que cette dernière lui a enfoncé le coffre arrière (on parle de voitures). À moins que ce rentrage de taule (on parle toujours de voitures) ne soit tout sauf fortuit...

L'intérêt érotico-neuneu : En 1992, Basic Instinct cartonne en salles et fait la légende de Sharon Stone pour bien des raisons, mais aussi, il faut bien le dire, parce qu'un plan volé dévoile son jambon. Deux ans plus tard, Bruce Willis, au sommet de sa célébrité, mais aussi de son hybris, entend faire de même et montrer à tout Hollywood que lui aussi, il a une sacrée pièce de charcuterie - et c'est plutôt du saucisson. Ni une ni deux, il enfile son postiche pour devenir une Bruce à cheveux, enlève son pantalon pour aussi devenir un Bruce à poil, et part à la conquête des salles, qui malheureusement feront une boucherie de sa viande et l'étaleront sur les murs.

Telle est l'histoire retenue par le grand public à la sortie en 1994 de Color of Night réalisé par Richard Rush, et entré dans la légende comme LE film où Bruce Willis donne tout. Pourtant, contrairement à la citation, la légende est cette fois plus laide que l'histoire, car il y a au sein de Color of Night un vrai embryon d'ambition artistique. Malgré son nom inconnu, Richard Rush n'est en effet pas un yes-man, tout le contraire. Et bien que Color of Night soit une commande, il l'a acceptée parce qu'il aimait le script entre Basic Instinct et Pulsions et voulait en tirer une vraie oeuvre. C'était sans compter sur le grand méchant studio.

Tu veux que je te Bruce les dents ?

C'est le coup classique des désaccords artistiques, avec en prime une crise cardiaque presque fatale pour le réalisateur. Ce dernier a vu son montage sortir uniquement en vidéo, tandis que la version du producteur, très inférieur, voire limite amateur, a été envoyée en salles. Et c'est là tout le sel du mythe de Color of Night : ce n'est ni un bon film ni un nanar dans aucun des deux cas. Juste un léger navet, incompréhensible et ennuyeux pour le montage cinéma, et un thriller un peu nul, potable, mais oubliable pour le montage vidéo. D'ailleurs, personne n'en a jamais retenu le moindre petit bout, à part celui de Bruce Willis. Tout ça pour ça. Et d'ailleurs, puisqu'on en parle...

La grande scène : On aurait pu se souvenir du jeu courageux et très engagé de Jane March, qui incarne pas moins de trois personnages et se balade régulièrement totalement nue devant la caméra. On aurait pu discuter du fait que Bruce Willis, en plus de jouer comme un pied et de porter un postiche, se vautre dans un récit où il copule avec un personnage qui a moitié moins son âge et que c'est carrément glauque. On aurait pu se satisfaire du fait qu'à l'inverse, Color of Night aborde étonnamment bien les questions de genre et d'homosexualité à travers le personnage de Richie - surtout pour un film des années 90. Mais on va évidemment parler de la saucisse à Willis... et attention, va pas falloir cligner des yeux.

Vous n'en verrez pas beaucoup plus

Alors que Bill Capa et sa copine Rose copulent pour la première fois, ils sont pris d'un feu érotique si incendiaire que seule une chute inopinée dans la piscine semble pouvoir tempérer. Alors que ses vêtements à elles sont arrachés et que l'intégralité de son anatomie se révèle à nous, c'est à la faveur d'un mouvement de la cuisse de Bill qu'on aperçoit une demi-seconde un huitième du quart de la surface supérieure du gland du glandu, planqué derrière un autre morceau de son corps. Ceux qui rêvaient d'un embrasement peuvent aller se rhabiller : le mythe Color of Night tient à un plan volé, bien loin de Harvey Keitel dans Bad Lieutenant (mais comme Basic Instinct). Même dans sa gloriole, Color of Night est un accident.

Jade

Sortie : 1995 - Durée : 1h31

Une méthode d'entretien du papier peint trop peu connue

Le prétexte érotico-neuneu : Suite à la découverte du cadavre d'un collectionneur aux activités para-légales peu recommandables, un adjoint au procureur est précipité dans une affaire crapoteuse. L'édile, adepte du sado-masochisme, aurait eu recours au service de luxe d'une prostituée de luxe surnommée Jade, à la réputation sulfureuse, sur laquelle personne ne parvient à mettre la main.

L'intérêt érotico-neuneu : Désireux de s'attirer un succès commercial susceptible de lui laisser les coudées franches auprès des studios, William Friedkin se lance à son tour dans le thriller érotique. Histoire de bien faire, il rassemble un casting de premier choix, s'alliant les talents de Linda Fiorentino, qui a piraté le cerveau reptilien de nombreux spectateurs grâce à Last Seduction, ainsi que de comédiens alors prometteurs, tels que David Caruso, Chazz Palminteri ou encore Michael Biehn.

Et au scénario, on retrouve le pape de l'effeuillage policier : Joe Eszterhas (Basic Instinct, Sliver, Showgirls), et le producteur Robert Evans (Sliver, oui).

Y David qu'a rougi

Mais Joe a été emporté dans la tourmente de Showgirls et désire retourner à ses fondamentaux, au point d'écrire Jade à la manière d'une copie conforme du thriller qui fit la gloire de Sharon Stone. Le procédé est tellement voyant, qu'il souligne combien le genre est désormais à bout de souffle. Intrigues et sous-intrigues ne paraissent jamais incarnées, et personne ne trouve quoi faire de son personnage, chacun manquant cruellement d'épaisseur.

C'est là qu'intervient la mise en scène de Friedkin, qui pour sa part, ne s'est pas économisé sur le film, tant ce dernier recèle de morceaux de bravoure. Et si le cinéaste n'a jamais été un grand filmeur de la chair, il se révèle une nouvelle fois plus que capable quand il est question de représenter métaphoriquement la corruption morale de ses personnages. Une évidence lors des confrontations physiques qui les oppose, et notamment quand il met en scène poursuites, accidents ou sabotages ayant trait à leurs véhicules. Ces séquences, toutes plus intenses les unes que les autres, sont en outre émaillées d'images de violence passablement graphiques, qui électrisent notre regard, comme pour mieux rappeler le lien évident, mais pas toujours simple à filmer, entre éros et thanatos.

En voiture Simone !

La grande scène : Ce n'est donc pas quand nos anti-héros se rentrent les poils que montage et découpage nous provoquent une copieuse chair de poule, mais bien quand leurs désirs contradictoires s'expriment par le biais de la violence. Et dans ce registre, comment oublier la fabuleuse poursuite le long des collines de San Francisco, défi qui entendait renouveler l'exploit autoroutier de Police Fédérale los Angeles et qui inspira à l'évidence Michael Bay pour The Rock ? C'est plus précisément son introduction, qui fait ici des merveilles.

Sous les yeux du brave assistant du procureur, une témoin est écrasée volontairement par un véhicule, que notre héros prendra sitôt en chasse. Le meurtre est d'une violence sidérante et réitérée, la malheureuse étant écrasée deux fois, avec un mélange de crudité et de complaisance qui nous laisse comme deux ronds de flanc. Les mouvements des véhicules tout autant que le travail, habituel chez le metteur en scène, de notre pulsion scopique comme la charge sexuelle évidente de la mise à mort d'une protagoniste secondaire, traitée jusqu'alors via sa sexualisation, font de ce début de scène un des chocs du film.

Sexcrimes

Sortie 1998 - Durée 1h50

",Mais puisque je vous dis que ce baiser lesbien est important pour le scénario"

Le prétexte érotico-neuneu : Un prof de sport beau gosse est accusé de viol par une gosse de riche. Sauf qu'elle est de mèche avec une punk du coin, qui cherche à se venger d'un flic pourri qui a tué son copain. Et tout le monde aime bien les piscines, les maillots de bain, les plans à trois au champagne, et Denise Richards.

L'intérêt érotico-neuneu : Probablement l'un des meilleurs représentants de la sous-race des thrillers érotiques, parce qu'il se joue à merveille du genre. Du baiser lesbien au plan à trois, en passant par une séance de carwash parfaitement absurde et l'obsession pour le corps de Denise Richards filmé sous tous les angles, Sexcrimes est sur le papier un dictionnaire du petit pervers. Avec en plus une sordide histoire de meurtre, de viol et d'argent, c'est le bingo du Hollywood Night de luxe, assemblé pour répondre aux plus bas instincts du public (masculin).

Mais en réalité, Sexcrimes est un piège parfait tendu aux spectateurs comme aux personnages, et quasiment un point de non-retour dans le genre. Orchestré par le scénariste Stephen Peters (qui a disparu de la circulation depuis) et le réalisateur John McNaughton (Henry, Portrait d'un serial killer), avec l'aide du scénariste et écrivain Kem Nunn (Deadwood, Sons of Anarchy) pour peaufiner l'écriture, c'est un jeu de masque vertigineux, qui se transforme quasiment en plaisanterie à mesure que la pourriture moite se révèle. Cette histoire d'ordures qui mentent et trichent comme ils respirent et forniquent est conçue comme une arnaque, que ce soit avec le casting de la blanche colombe Neve Campbell pour incarner la tête criminelle, ou avec le montage et la narration qui ne peuvent créer que des doutes aux endroits propices.

Tel est pourri qui croyait prendre

L'arnaque Sexcrimes est d'autant plus réjouissante qu'elle était intentionnelle. Le réalisateur James McNaughton expliquait à Moneyintolight en 2016 : "A ce moment de ma carrière, j'avais besoin de faire un film commercial, et ça a été un argument capital quand j'ai choisi ça. J'ai vraiment aimé le scénario, mais c'était aussi moi qui me demandais, 'Qu'est-ce qui vend ? Le sexe et la violence. Vous voulez du sexe et de la violence. Ok, voilà. Jusqu'à quel point vous aimez ça ?'". Des années plus tard, il dira que c'était aussi son film le plus politique, puisque c'est la fille qui vit dans une caravane qui gagne, et écrase tous les privilégiés et puissants.

Kevin Bacon, acteur et producteur de Sexcrimes, était le premier gros nom à s'engager, ce qui a rassuré tous les autres (sachant que Robert Downey Jr. était censé avoir le rôle de Matt Dillon, mais qu'il a été mis hors-jeu pour des questions d'assurance vu son état à l'époque). Il avait parfaitement résumé ça lors de la promo, chez Entertainment Weekly à l'époque : "Quand j'ai lu le scénario pour la première fois, je me suis dit, 'Mon dieu, ce truc est la merde la plus trash que j'ai jamais lue'. Mais toutes les 3 ou 4 pages, je réalisais que ce n'était pas ça. Toutes les 3 ou 4 pages, il y avait une autre surprise".

Les scènes post-génériques, qui feraient passer celles de Marvel pour des films institutionnels, sont le point d'orgue de cette vaste blague, tel un dernier ricanement pour entériner l'affaire. Sachant que tout aurait pu être encore plus drôle, puisqu'à l'origine, Matt Dillon devait rejoindre Kevin Bacon dans la douche, pour un autre twist succulent qui a néanmoins été̶c̶e̶n̶s̶u̶r̶é̶ coupé par les producteurs, soucieux de choquer avec l'équivalent masculin de la scène de la piscine - un autre marqueur de la décennie bénie des années 90.

À trois, on y va

Sous ses airs de canaille provoc de bas étage, Sexcrimes est dans tous les cas un petit bijou cynique dans le genre, qui carbure à l'humour noir, et prend un malin plaisir à amocher les belles gueules réunies. C'est d'autant plus réussi que James McNaughton emballe ça avec un vrai savoir-faire, avec en prime l'excellente musique de George S. Clinton, et le talent des acteurs et actrices, rarement aussi bien filmés (et exploités). Et la présence de Bill Murray, égaré comme un poisson d'eau douce dans un océan de porno chic, n'en est que plus savoureuse.

La grande scène : Denise Richards qui sort de la piscine au ralenti, Denise Richards qui embrasse Neve Campbell dans une piscine, Denise Richards qui se déshabille pour une scène de plan à trois (elle qui avait refusé de le faire pour Starship Troopers, parce que ce n'était pas justifié). Sexcrimes a marqué bien des esprits (et probablement quelques slips) grâce à l'actrice, qui était alors au top de sa carrière, avec Belles à mourir et James Bond dans la foulée.

Entre les jambes

Date : 1999 - Durée : 1h59

Ortodontie, niveau 1

Le prétexte érotico-neuneu : Javier et Miranda, addicts au sexe, se rencontrent durant une séance de thérapie de groupe. Mus par un désir irrépressible, ils font l'amour dans un parking, à l'intérieur d'une voiture abandonnée. Sauf qu'il y a un cadavre dans le coffre, que c'est l'époux de Miranda qui est chargé de l'enquête, et qu'il va peu à peu soupçonner sa femme de le tromper...

L'intérêt érotico-neuneu : Donnez un concept rincé, complètement dévitalisé par Hollywood, à un metteur en scène espagnol, et il se chargera de le gorger d'un sang abondant et bouillonnant. C'est précisément ce qu'accomplit en 1999 Manuel Gómez Pereira, qui s'en donne à coeur joie dans Entre les jambes. Il ne duplique pas avec autant de fièvre les montées de désir qui scandaient deux ans plus tôt le remarquablement sous-estimé) En chair et en os d'Almodovar, mais adjoint à sa recette un appétit de cinéma insatiable.

Non content d'aborder la question de l'érotisme via le concept d'addiction au sexe, alors absent du débat public et peu traité à l'écran, il se sert d'ingrédients éculés pour les passer au sein d'une véritable moulinette hitchcockienne. Par le biais de son découpage, multipliant les motifs directement issus du maître britannique, à l'aide d'une caméra qui favorise des angles extrêmes, qui décuplent toujours les sentiments volcaniques des protagonistes. Quitte à manquer parfois un tantinet de mesure.

En effet, à force de questionner la nature des évènements, le statut de ce que découvre le spectateur (réalité ? Illusion ? Fantasme ?) le récit se prend plus d'une fois les pieds dans le tapis, quitte à donner l'impression de s'acheter une légitimité artistique qui aille au-delà du simple rasage d'yeux. Il faut dire qu'en la matière, Javier Bardem et Victoria Abril assurent un spectacle qui troublerait un moine franciscain comateux.

La grande scène : Plutôt que d'ouvrir son récit avec une séquence de fornication faisant office d'élément déclencheur de l'intrigue, Pereira opte pour une montée crescendo redoutable. On démarrera ainsi par la chronique d'un adultère téléphonique, mise en bouche sonore dont la réussite doit beaucoup aux acteurs, avant que Javier et Miranda ne copulent frénétiquement dans une carcasse de voiture. La scène est une des plus marquantes du long-métrage, mais pas celle qui laisse le souvenir le plus fulgurant.

Plus tard, quand deux personnages se sautent finalement dessus, dans un ballet de désir, mais aussi de violence. Entre passion, consentement difficile à établir puis souhait de dévoration, la séquence jouit d'une dimension animale iridescente... jusqu'à l'arrivée d'un bambin, un poil décontenance de voir sa mère faire la bête à deux dos. Soit un jeu de montagnes russes tour à tour excitant, éreintant puis glaçant, qui renvoie à la fois aux fantasmagories et craintes des adultes, et éventuellement aux traumas de leur enfance.

Péché originel

Durée : 1h56 - Sortie : 2001

Des baisers volés

Le prétexte érotico-neuneu : Un jour, Louis Durand, un riche marchand de Cuba, s’est dit : "Tiens, il faudrait que je pense à me marier avec une inconnue". C’est chose faite lorsqu’il accueille la plus que séduisante Julia Russel avec laquelle il va vivre une passion amoureuse et sexuelle des plus dévorantes. Sauf que Julia Russel n’est pas la personne qu’elle prétend être, et Louis va l’apprendre à ses dépens (et c’est bien triste).

L'intérêt érotico-neuneu : A priori, personne n'a lu le scénario Péché originel avant de signer et financer la chose. Nul doute que la simple promesse de réunir Angelina Jolie et Antonio Banderas, alias Lara Croft et Zorro, pour les déshabiller sur toutes les affiches et bandes-annonces, a suffi à motiver les producteurs. Nul doute également que les deux acteurs, alors au sommet de leur popularité hollywoodienne, ont regardé le nombre de zéros sur leurs contrats avant de lire leurs répliques.

C'est en tout cas la seule explication à ce navet de catégorie A, signé Michael Cristopher, réalisateur de l'oubliable Sexe Attitudes, et repéré avec le téléfilm Gia, femme de rêve (l'un des premiers grands rôles d'Angelina Jolie).

"C'est quoi le sens de tout ça ?"

Pour rendre l'opération encore plus étrange, Péché originel se plaçait dans l'ombre de François Truffaut puisque c'est une nouvelle adaptation du La Sirène du Mississippi de William Irish, déjà adapté par le réalisateur français en 1969, avec Jean-Paul Belmondo et Catherine Deneuve. Un film qui figure parmi les plus oubliés de sa carrière, mais qui gagne mille points de cinéma face à la version de 2001.

Largement (sur)vendu sur les scènes de sexe, Péché originel est un ratage dans les grandes largeurs. Véritables cache-misère, les séquences érotiques (option musique encombrante, et déclinées dans la salle de bain, la chambre ou derrière les rideaux) sont aussi riches et marquantes que les posters du film, et se noient dans un océan de hurlements, crises de jalousie, gifles et cabotinage extrême. Le reste est encore pire, avec une laborieuse intrigue de manipulations, escroquerie et secrets qui n'en finit plus, sur près de deux interminables heures. Le film jongle péniblement entre porno soft, thriller à twist et romance fiévreuse, mais échoue à tous les niveaux avec une certaine harmonie.

Rien de mieux qu'un cigare pour reprendre son souffle

La grande scène : Les premiers ébats sexuels ne sont pas toujours les meilleurs, et Louis et Julia le rappellent encore une fois. Peut-être parce que personne ne pouvait garder la tête froide face aux corps de Banderas et Jolie (tous deux particulièrement bien nommés ici), leur première partie de jambe en l’air est montrée en long, en large, en travers et à la verticale, dans toutes les positions possibles et inimaginables.

Le réalisateur profite de cette occasion en or pour faire durer le plaisir et varier les angles de caméra, par exemple des plongées totales - du meilleur effet cela va sans dire. Un grand moment de kitsch.