Le 1er janvier 2022, l’Institut national du service public, l’INSP, a remplacé officiellement l’École nationale d’administration (ENA). Créée en 1945 par Charles de Gaulle, l’école formait aux métiers de la haute fonction publique. Passé par ses murs, le président de la République Emmanuel Macron annonçait en avril dernier tourner la page de l’ENA, dont la dernière promotion porte le nom d’Aimé Césaire.
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Où est situé l’INSP?
Située à Strasbourg, dans les locaux de l’ancienne prison pour femmes, où l’ENA avait pris ses quartiers en 1993, l’INSP affiche pour ambition d’être «représentative de la nation française», selon les mots du Premier ministre Jean Castex.
Qui dirige l’INSP?
Le 1er décembre 2021, Maryvonne Le Brignonen, directrice de la cellule de renseignement financier Tracfin depuis 2019, a été nommée à la tête de l’Institut national du service public (INSP) pour une durée de quatre ans. Elle a connu à la fois les secteurs privé et public: son diplôme de l’École supérieure de commerce de Toulouse en poche, elle a travaillé neuf ans en audit et commissariat aux comptes en entreprise avant d’intégrer l’ENA en 2007, dont elle est sortie à l’Inspection générale des finances. Le 9 mars 2022, le professeur des universités Ferdinand Mélin-Soucramanien a été nommé par Emmanuel Macron président du conseil d’administration de l’INSP.
Comment intégrer l’INSP?
Pour y candidater, il faut être français, posséder la nationalité d’un pays membre de l’UE ou d’un État de l’espace économique européen. À ce stade, cinq voies d’admissions sont possibles.
Le concours externes’adresse aux titulaires d’un diplôme de niveau bac+3. Dans les faits les admis ont un master ou équivalent. Jusqu’à présent, la majorité des admis était issue des IEP (Paris en particulier), écoles de commerce (HEC), et l’ENS (Ulm Paris). Le concours se déroule en deux temps: cinq épreuves d’admissibilité (compositions et rédactions de notes) et cinq épreuves d’admission (trois oraux dont un en anglais et un entretien). Deux centres de préparation se distinguent: l’Institut d’études politiques de Paris et le centre commun à l’Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne et à l’Ecole normale supérieure (ENS). À l’époque de l’ENA, le taux de sélection était de 7 %.
Le concours externe «Talents»est, lui, réservé aux étudiants boursiers et aux demandeurs d’emploi, élèves d’une classe prépa «Talents du service public» (lire ci-dessous). Les épreuves sont les mêmes que le concours externe. Ce sont 15 % des places au concours externe qui sont dédiées à ces élèves. Sur les 6 places (sur 84) qui leur sont consacrés à l’INSP, 177 candidatures étaient recensées au dernier concours. Jean Castex a annoncé 1.000 places supplémentaires dans cette filière - qui permet aussi de présenter d’autres concours de la fonction publique.
Le concours externe «Docteurs»s’adresse aux titulaires d’un doctorat (bac+8). Chaque année, un arrêté précise une spécialité pour les épreuves. En 2022: Sciences de la matière et de l’ingénieur. La sélection se fait en deux temps: une épreuve d’admissibilité (rédaction d’une note d’analyse et de proposition) et de deux épreuves d’admission (un oral et un entretien). C’est le concours le plus sélectif (2% d’admis du temps de l’ENA).
Le concours interneest réservé aux agents publics qui ont déjà quatre années d’expérience au 31 décembre de l’année du concours. Attention, ces quatre ans ne comptabilisent pas les périodes de stage ou de formation dans une école ou un établissement où le candidat avait la qualité d’agent public en tant que stagiaire ou élève. Le candidat doit être en période d’activité, de détachement ou de congé parental à la date de clôture des inscriptions. Le taux de sélection était de 15 % du temps de l’ENA.
Enfin, le «Troisième concours» (11% d’admis du temps de l’ENA) est la dernière voie d’accès pour intégrer l’INSP. Cette dernière possibilité s’adresse aux actifs du secteur privé, aux acteurs du monde associatif et aux élus locaux. Sans condition de diplôme, ils doivent justifier, au 31 décembre de l’année en cours, de huit années d’expérience professionnelle. Ils plancheront sur cinq épreuves d’admissibilité et cinq épreuves d’admission.
Jusqu’à quel âge peut-on postuler à l’INSP?
Il n’y a plus de limite d’âge depuis 2009.
Quelle est la rémunération des élèves de l’INSP
La rémunération des élèves de l’École est actuellement fixée au niveau de l’indice brut 395, indice majoré 359 correspondant à 1 682,28 € bruts par mois, soit 1 349,60 € nets par mois (taux au 1er février 2017). Ceux qui étaient fonctionnaires avant gardent leur ancien salaire (hors primes). Ceux du troisième concours (issus du privé, associations, des élus locaux) touchent 1736,70 euros bruts par mois.
Comment préparer le concours de l’INSP?
Pour les candidats ne souhaitant pas passer le concours en qualité de candidat libre, il existe, notamment, des prépas.
Pour le concours externe, les aspirants peuvent suivre une préparation d’une année dans un centre conventionné par l’INSP. L’accès est soumis à des épreuves de sélection. Ces centres sont présents à Sciences Po Aix, Bordeaux, Grenoble, Lille, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse, à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (CIPCEA) et à Dauphine.
Il existe trois classes prépas «Talents du service public»,à Paris, Nantes et Strasbourg. L’admission se fait après examen d’un dossier et un entretien. Les «internes» peuvent préparer le concours à temps complet, c’est-à-dire en intégrant un centre conventionné par l’INSP, sélectif. Il existe huit centres: Sciences Po Aix, Bordeaux, Grenoble, Lille, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse ainsi que l’Institut de la gestion publique et du développement économique (IGPDE), à Paris-Vincennes. Enfin, pour le «Troisième», les candidats peuvent se préparer au concours en suivant un cycle, sélectif. Il existe cinq centres: Sciences Po Grenoble, Bordeaux, Rennes et Strasbourg et l’IGPDE.
Quels métiers après l’INSP?
La vocation de l’Institut est de former des cadres supérieurs et dirigeants de l’État. Les métiers sont, notamment les suivants: administrateur civil, directeur de cabinet de Préfet, auditeur au Conseil d’État ou à la Cour des comptes, conseiller des Affaires étrangères, conseiller de Tribunal administratif, inspecteur à l’Inspection générale des finances, de l’administration ou des affaires sociales, administrateur de la ville de Paris.
Contrairement à l’ENA, il n’y aura pas de classement de sortie.
Quelles évolutions pour l’INSP?
Lors de son inauguration, le 28 janvier, Jean Castex a remis à Maryvonne Le Brignonen, la directrice. Cette dernière doit suivre une feuille de route et présenter au premier semestre de l’année ses propositions opérationnelles. Objectif: plus de diversité sociale et géographique et académique.
Cela passera par une réforme des cinq voies d’accès. Outre la refonte des épreuves écrites et orales du concours d’entrée, la nouvelle directrice devra engager «des travaux préparatoires du recrutement des diplomates du cadre d’Orient (des hauts fonctionnaires français qui appartiennent au corps des conseillers des Affaires étrangères, NDLR)». «Il s’agira de tester d’autres compétences dans les concours, comme des compétences personnelles et de leadership», explique-t-elle à l’AFP.
Cette dernière aura pour tâche de renforcer les liens de son école avec le monde académique et de la recherche. «Intégrer l’apport des sciences dans l’offre de formation initiale et offrir un parcours doctoral aux élèves volontaires» ainsi que «nouer des partenariats universitaires et intégrer des réseaux académiques internationaux dès 2022». Enfin, «dans le contenu des formations, il faut faire un poil reculer la prédominance du droit et de l’économie, au profit du management et des sciences humaines et sociales.»