Le remuement des choses, le souffle indistinct de l'image, un voile d'incertitude C'est peut-être ce qui relie insensiblement les dessins de paysages embrumés de sable de Frédéric Khodja, les forêts évanescentes peintes par Vanessa Fanuele (née en 1971, vivant à Paris), les textiles baignés de peinture diluée de Charlotte Denamur et le dessin mural éphémère de Christian Lhopital retraçant la « trajectoire d'un rêve ». Ce sont autant d'images intranquilles, entre fiction et réalité, réminiscences et imaginaire, construction et accident. Pour le reste, chaque artiste développe à la Fondation Bullukian son univers propre, disposant, dans le centre d'art, d'un espace d'exposition différencié.
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Farces et surfaces
Christian Lhopital (né en 1953, vivant à Lyon) y présente notamment une série de "dessins fabuleux" datant de 2020, assez emblématiques de son univers entrelaçant onirisme, humour facétieux, références cinématographiques ou pop, bestiaire de peluches enfantines, figures fantomatiques « Cette série, c'est l'histoire de la rencontre d'un lapin et d'un moustique » confie, en souriant, l'artiste. Une narration à la Lewis Carroll, réalisée dans des variations de gris, tout comme le dessin mural qu'il a réalisé, en quelques jours, sur trois pans de mur de la Fondation.
Cette Trajectoire d'un rêve consiste en un impressionnant maelström de traits mouvementés reliant quatre personnages et un fantôme. On devine, dans ce chaos graphique, quelques profils de volatiles, des reliefs, des sommets de montagne. « Je suis parti de quelques croquis mais j'ai laissé aussi advenir les choses en dessinant. Transformer des murs en surfaces à dessin offre une formidable liberté, et la réalisation ressemble à une sorte de performance ou de danse ». Une idée de performance plastique que partage aussi Charlotte Denamur (née en 1986, vivant à Paris) en baignant, manipulant des textiles, de grand ou petit format, pour en obtenir des champs de couleurs "matiérés" qu'elle met en résonance avec la configuration du lieu d'exposition.
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Surfaces et attrapes
Connu depuis le début des années 2000 pour ses dessins, Frédéric Khodja (né en 1964, vivant à Lyon) opère quant à lui un discret retour à la peinture à l'huile à travers deux séries de petits formats : Notes d'altitude et Passages qui se font face à l'entrée de la Fondation Bullukian. La première, réalisée dans les montagnes italiennes, est une séduisante rêverie et une suite d'expérimentations plastiques autour de l'idée de littoral, de rivage. La seconde explore à la fois l'idée de seuil et l'idée d'épuisement d'un même espace et d'une même palette (de rose et de bleu). La notion de seuil renvoie à l'ensemble du travail de Frédéric Khodja où l'on ne sait jamais vraiment où l'on se situe, où l'on bascule sans crier gare d'intérieurs en extérieurs, de surfaces en surfaces
Plus loin, dans de grands dessins, l'artiste nous plonge à nouveau parmi des horizons désertiques, sur des îles, ou en bordure de mer. Avec, ici et là, de drôles de motifs géométriques (rectangles, panneaux simplifiés ) que Frédéric Khodja aime à qualifier d'écrans. « Chaque dessin pourrait être une sorte de plan séquence ou de plateau de cinéma déserté après le tournage » confie-t-il. Derrière leur aspect immédiatement séduisant, ces dessins relèvent du paysage mental, d'une mise en scène qui joue de trompe-l'il, de faux horizons, d'images dans l'image On se croit enveloppé dans un « sentiment océanique » et soudain, le décor glisse, le motif échappe, l'incongru surgit et invite à une toute autre fiction ou direction. Entre l'heur et leurre, tout peut basculer.
Charlotte Denamur, Vanessa Fanuele, Frédéric Khodja, Christian Lhopital, Oniric Landscapes
À la Fondation Bullukian jusqu'au 16 juillet
Oniric Landscapes
Exposition collective avec Charlotte Denamur, Vanessa Fanuele, Frédéric Khodja et Christian Lhopital
Fondation Bullukian 26 place Bellecour Lyon 2e
Jusqu'au 16 juillet 2022, du mar au ven de 14h à 18h et le sam de 10h à 12h et de 14h à 18h