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Publié le 17 août 2019Sylvain Sarrazin La PresseMême si des progrès ont été réalisés en matière d’insonorisation, il n’en reste pas moins que les murs (et les plafonds) ont souvent des oreilles. Vaut-il la peine d’investir dans des travaux d’isolation acoustique, autant dans le neuf que dans le bâti vieillissant ? Quel est l’impact sur la qualité de vie ou la valeur d’une propriété ?
« Le son, ça reste subjectif. Tout dépend de la personne qui l’entend », rappelle d’emblée Pierre Boucher, copropriétaire de l’entreprise Isolation Majeau et frère. À volume égal, et nonobstant les mesures objectives d’un sonomètre, certains occupants y seront plus ou moins sensibles. Mais si le besoin s’en fait sentir, l’insonorisation peut soulager les tympans des occupants.
À l’heure actuelle, de multiples options existent pour ce type de travaux, qui diffèrent selon l’élément à isoler, soit les murs ou le plafond.
Pour les premiers, si des cavités le permettent, on peut y disposer de la laine de roche, de verre ou de la cellulose. Mais la technique la plus courante et la plus efficace reste l’installation d’un ou deux panneaux de gypse avec une barre résiliente.
« Pour les murs, on installe un gyproc [NDLR : un panneau de plâtre, aussi appelé gypse] avec une ou deux barres résilientes pour la séparation. C’est le principe qui va donner le meilleur résultat, indique Pierre Boucher. Pour les entre-planchers, on propose généralement de faire une tranchée de 10 à 12 pouces de largeur que l’on vient remplir de cellulose. »
« Pour une injection de cellulose, peu importe l’épaisseur, on parle d’environ 1,50 $ le pied carré, à quoi il faut ajouter l’ouverture et la réparation du plafond. Donc, pour une superficie de 1200 pieds carrés, on sera à l’intérieur de 5000 $ », indique Pierre Boucher, d’Isolation Majeau et frère.
Selon M. Boucher, environ une semaine de travaux est à prévoir.
Précision importante : l’injection de cellulose s’avère efficace pour réduire les bruits de type « aérien » (conversations, son de télévision), mais ne réglera pas ceux dits « d’impact » (typiquement, les bruits de pas ou d’objets qui tombent au sol).
Pour réduire ces derniers, on peut insérer, sous un plancher flottant, une membrane acoustique. Cependant, l’avis d’un expert est fortement conseillé pour choisir le type de membrane, sa performance étant tributaire de nombreuses variables.
Pour le plafond, « soit on installe une barre résiliente et un autre gyproc, soit on peut bâtir un nouveau plafond, installé sur des vibrateurs, et cette suspension indépendante va absorber les chocs », explique M. Boucher. Un système plus efficace, mais qui fera grandement gonfler la facture…
Néanmoins, il reste très difficile d’estimer précisément le nombre de décibels atténués. « Le résultat diffère d’une job à l’autre, prévient M. Boucher, car il dépend de la composition des lieux. »
En témoigne Stephen Blanchard, qui a construit sa maison semi-détachée à Saint-Philippe, sur la Rive-Sud de Montréal, en prévoyant son insonorisation.
« J’ai doublé les gyproc pour le feu, mis du sonopan [NDLR : un panneau insonorisant], des barres résilientes, mais il reste que le son passe quand même. Je suis content du résultat, mais j’aurais pensé que ça serait plus insonorisé. À moins de mettre des blocs de béton remplis, ça ne l’est jamais à 100 % », souligne ce courtier immobilier.
Un propriétaire cherchant à vendre ou un acheteur séduit par un bien peu isolé a-t-il intérêt à faire des travaux d’insonorisation ?
« Oui, ça vaut la peine, ça reste un plus et ça va faciliter la vente, lance Stéphanie Kimpton, courtière immobilière chez Re/Max Du Cartier. C’est souvent la première question qu’un acheteur va poser. Parce qu’avec les prix des condos qu’on a aujourd’hui, on aimerait ça avoir un minimum d’insonorisation », précise celle qui gère de nombreuses ventes dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.
Mais attention aux anciennes demeures stylisées.
« Certaines personnes vont accepter un manque d’insonorisation pour pouvoir garder le cachet du plâtre, de belles moulures au plafond ».
La question se pose différemment en fonction de la clientèle, aux profils différents : une petite famille cherchant un rez-de-chaussée avec une cour pourrait bien acheter une propriété en dépit d’une faible insonorisation. « Ils auront toujours le choix de le faire par la suite », dit Mme Kimpton. En revanche, des occupants sensibles au bruit devraient plutôt s’orienter vers un dernier étage.
La hausse de valeur monétaire d’une insonorisation, elle, n’est pas significative en tant que telle. Mais, au-delà de l’argument de vente, elle peut aussi avoir un « pouvoir de rétention » sur d’éventuels locataires, indique Marcel Lapierre, copropriétaire d’Isolation Majeau.
Dans tous les cas, il est recommandé de récolter l’avis d’experts et plusieurs devis avant de se lancer dans ce type de rénovation.
Des petites stratégies à mettre en œuvre, sans avoir à se lancer dans de grands chantiers, peuvent aider à compléter des travaux d’insonorisation.
• Les tapis sont vos amis : moquette, tapis épais ou tuiles insonorisantes peuvent atténuer les vibrations et réduire les bruits d’impact, par exemple dans des endroits stratégiques (chambre d’enfant).
• Les portes fabriquées avec des matériaux de mauvaise qualité laissent passer les sons. Leur remplacement devrait être étudié dans tout plan de match d’insonorisation.
• La qualité de la fenestration influe énormément sur le passage du bruit extérieur. Le triple vitrage peut constituer une option.
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