Ils hantaient vos nuits. Avec le "tigre", ils hantent aussi vos jours… Et ce au moins jusqu’à fin octobre, voire fin novembre. Qui dit réchauffement climatique, dit en effet saison des moustiques rallongée.Avant, sa présence se limitait à l'été. Désormais, il sévit jusqu’au début de l’hiver où, pour l’instant encore, la plupart des 70 espèces présentes en France entrent en hibernation. Et pour ne rien arranger, l’été 2021 a été bien arrosé avec un excédent de pluie de l’ordre de 25% en moyenne. Or qui dit pluie dit plus de zones de reproduction pour le moustique.
Il existe en gros deux types de prédateurs. Le moustique dit classique, le "Culex", ou Culicidé. Il entre en action vers 3 heures du matin. Ce n’est pas la lumière qui l’attire mais le gaz carbonique que vous exhalez. Sachez également qu’il est sensible à l’odeur de transpiration, aux phéromones et au parfum. Bref. Vers trois heures du matin, la femelle se met en action. Si elle tourne et vire autour de votre tête, c’est que c'est là que nous expulsons le plus de dioxyde de carbone. En volant, elle bat des ailes environ 500 fois par seconde et ce frottement est perçu par l'oreille humaine. Mais aussi par le moustique mâle, qui y entend un signal pour l'accouplement. La suite ? C’est la femelle qui pique car elle a besoin de votre sang pour nourrir ses œufs.
En plus du Culex, il y a le moustique tigre (parce qu’il est tigré) qui s’est implanté en métropole depuis 2004. Cette espèce-là pique le jour et inquiète car elle est susceptible de transmettre des virus tels que la dengue, le chikungunya ou le Zika. En janvier 2021, on recensait 64 départements français sur 96 infestés par le moustique tigre. Si vous en voyez, n’hésitez pas à le signaler ici.
Alors que faire pour éviter d’être piqué ?
Les solutions à domicile
Supprimer les eaux stagnantes. Le premier des conseils en matière de lutte contre les moustiques est de scrupuleusement éviter de lui laisser à disposition des lieux pour se reproduire. Cela signifie qu’après chaque épisode de pluie ou au moins une fois par semaine, il faut traquer les eaux stagnantes de vos jardins, balcons, bords de fenêtres et vider tout ce qui peut servir de réservoir : coupelles, pots, bâches etc. Ne rien laisser traîner (outils, jouets etc.), nettoyer les gouttières, bien entretenir le jardin (ramasser régulièrement les déchets végétaux) et couvrir hermétiquement ou à l’aide de moustiquaire toutes les réserves d’eau, récupérateurs, cuves, regards etc.
️#MediaPlanning Début de la promotion de la campagne de prévention #ZeroEclosionZeroInvasion contre le #Moustiquetigre dans la zone d’action en @Occitanie :
✔️ Sensibilisation
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Courants d’air, basses températures, rideaux filtrants. Une arme efficace contre le moustique et peu connue : le ventilateur ! Eh oui, le moustique n’est pas doué pour voler à contrevent. Donc, un ventilateur placé devant la fenêtre ou autour de vous l’empêche tout bonnement de vous approcher. Sachez également que le moustique n’aime pas le froid. La solution n'est guère "eco friendly" mais si vous enchaînez les nuits d'insomnie et que vous supportez le froid, vous pouvez descendre la clim sous 18 degrés pour le dissuader.
Bien sûr, il y a également la traditionnelle moustiquaire à disposer devant les fenêtres ou à suspendre au-dessus du lit. Ou pour plus d’efficacité encore, des rideaux anti-moustique. L’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Montpellier a développé un principe actif mortel pour l’insecte, incorporé directement sur le fil lors de sa fabrication. Ce produit est un insecticide efficace à 100%, inoffensif pour l’homme mais redoutable pour le moustique, même tigre, et conforme aux normes de l’OMS."Le moustique va entrer en contact avec le rideau quand il va vouloir traverser ou aller piquer sa proie et à force de contact, il est tué ou il subit un effet knockdown qui l’empêche de piquer", a expliqué à franceinfo la directrice de Linder, une entreprise familiale spécialisée dans le tissage depuis un siècle. Le tissu résiste aux UV et reste efficace pendant trois ans ou jusqu’à six lavages.
Insecticides, répulsifs, huiles essentielles et autres produits du commerce. Selon l’association de consommateurs Que Choisir, l’arme la plus efficace en intérieur contre le moustique reste la bombe aérosol ou spray renfermant un insecticide à base de pyréthrinoïdes (tous les noms qui se terminent en "thrine", transfluthrine, tétraméthrine…). Problème, ils sont toxiques. Pour limiter leur nocivité, le magazine conseille de les utiliser avec modération. L’utilité des diffuseurs électriques qui se branchent sur une prise de courant est plus aléatoire, selon Que choisir. Tout dépend de leur composition, même s'ils utilisent souvent des pyréthrinoïdes. De plus, ces derniers diffusant en permanence, on respire l’insecticide en continu.
Les répulsifs sous forme de spray, de crème ou de gel qu’on applique à même la peau, peuvent également s’avérer de précieux alliés, surtout ceux à base de DEET (N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide) offrant une concentration de 25 ou 30%. Ils sont particulièrement recommandés dans les zones à risque de transmission du paludisme, dengue ou autre maladie du genre. Que Choisir reconnaît également une efficacité "correcte" aux répulsifs à base d’icaridine. En revanche, seul le citriodiol, (qu’on peut aussi trouver sous le nom de PMD ou huile essentielle d’eucalyptus citronné) peut repousser le moustique, selon l’association de consommateurs. Les autres huiles essentielles ne protègent pas.
En extérieur, toujours selon Que Choisir, les serpentins fumigènes ont fait leurs preuves mais sont toxiques. En revanche, les huiles essentielles ou autre bougie à la citronnelle n’ont aucun effet répulsif sur une femelle avide de sang. Et ultime déception pour les adeptes de solutions naturelles, c’est également le cas des plantes soi-disant répulsives comme le géranium, la citronnelle, le thym, le basilic, la lavande et la verveine.
Parmi les fausses bonnes solutions, Que Choisir épingle aussi les appareils à ultrasons, les lampes à ultraviolets, les bracelets anti-moustique et les fameux pièges à levure "fait maison" dont la recette est fréquemment partagée sur les réseaux sociaux. Pire qu’inefficaces ils attirent les guêpes ! Le magazine se gausse également des raquettes électriques. Si effectivement, elles grillent le moustique en plein vol, encore faut-il être particulièrement adroit pour l’intercepter. Pour rappel, le prédateur mesure autour des 5 mm.
En revanche, mais c'est plus ambitieux, vous pouvez également vous lancer comme dans le Haut-Rhin dans l’élevage d’hirondelles. Symbole du retour du printemps, l’oiseau peut surtout ingurgiter jusqu'à 3 000 insectes par jour en moyenne. Dans le genre, il y a aussi la chauve-souris qui peut dévorer jusqu’à 600 insectes volants par heure. Mais ne chassant qu’à la tombée de la nuit, elle est peu dangereuse pour le moustique tigre.
Les solutions des collectivités
La chasse nocturne au moustique tigre. Certaines communes profitent de la nuit où le moustique tigre est inactif pour opérer un traitement insecticide à grande échelle dans les secteurs où il a été repéré. Il s’agit "d’éliminer le plus grand nombre de larves et d’adultes de moustique tigre et de retarder son implantation de manière définitive", a expliqué l’ARS Bretagne. Une opération a été menée par exemple, à Domagné en Ille-et-Vilaine, les 26 et 27 août derniers.
Le dispositif Vectrap. Développé par les chercheurs de l’Entente interdépartementale pour la démoustication (EID), ce piège de masse cible le problème à sa source : la reproduction. L’EID a installé gratuitement 400 pièges sur trois communes-tests de l'Hérault, Clapiers, Castelnau-le-Lez et Saint-Clément-de-Rivière. Débutée en juillet, l’expérimentation est prévue pour durer trois ans. Après les trois mois d’été, le dispositif sera retiré puis réinstallé l'année d'après.
#EXPÉRIMENTATION
Projet #VECTRAP : piégeage massif pr lutter contre le #moustiquetigre sur 3 communes : #Clapiers @CastelnauleLez #SaintClémentdeRivière@ird_fr @Anses_fr @MIVEGEC @EHESP @CTM_Martinique
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Une borne anti-moustique écologique et Made in France. Elle a été inventée par deux jeunes Arlésiens et séduit dans le monde entier. Baptisée Qista, cette borne tue près de 90% des moustiques dans un rayon de 60 mètres sans le moindre insecticide. Connectée à ses consœurs, elle collecte également des données pour mieux lutter contre l’invasion du moustique tigre. La borne permet de disperser du dioxyde de carbone recyclé pour imiter la respiration humaine et un leurre olfactif pour simuler l’odeur corporelle, en fait de l’acide lactique. Le dispositif attire la femelle moustique qui, une fois à proximité, est aspirée dans une nasse dont elle ne peut sortir. Les autres insectes ne sont pas sensibles au piège. Qista est déjà installée dans plus de 50 collectivités du sud de la France notamment à Hyères (Var) qui a quadrillé sa commune avec plus de 350 bornes. Des tests sont également menés en Côte d’Ivoire et au Sénégal.
Les solutions à moyen ou long terme
Grande est la tentation d’éradiquer purement et simplement le nuisible : vecteur de maladies, il est considéré comme responsable de la mort de quelque 800 000 personnes chaque année (le requin en tue 6). Mais la communauté scientifique reste divisée sur la question. Le moustique est en effet le repas favori de certaines espèces d’oiseaux, de batraciens, de reptiles ou de poissons qui se nourrissent des larves. Et puis, on le sait moins, mais le moustique joue également le rôle de pollinisateur, comme les abeilles. Un rôle cependant jugé insuffisant au regard de sa nuisance, par certains chercheurs. Le consensus reste pour l’heure de limiter sa prolifération. Les scientifiques travaillent donc sur le moustique lui-même pour éviter l’utilisation massive d’insecticides.
En Nouvelle-Calédonie, en Australie ou dernièrement en Indonésie, on relâche en masse des moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia. Celle-ci réduit la capacité des porteurs à transmettre des maladies comme la dengue, le Zika ou le chikungunya. Le projet est porté par le World Mosquito Program.
Le Brésil, les îles Caïmans, la Malaisie ou plus récemment la Floride (États-Unis) tentent de leur côté une stérilisation massive en répandant des moustiques génétiquement modifiés, dit "moustiques OGM". Les mâles peuvent s'accoupler et même se reproduire, mais la modification génétique dont ils sont porteurs provoque la destruction des larves. Ils n'ont donc au final pas de descendance. La méthode est cependant contestée par les écologistes, inquiets notamment des risques de contamination de la flore et de la faune.
Séduite également par la perspective de stopper la reproduction, La Réunion expérimente depuis mai un lâcher de moustiques stérilisés par irradiation. Ils sont répandus par milliers grâce à des drones. La méthode est maîtrisée et a déjà fait ses preuves pour lutter contre la prolifération de certaines espèces de mouches. Avantage principal : elle semble n’avoir aucun impact sur l’environnement.