C’est un grand « Ouf ! » de soulagement qu’ont exprimé en chœur les artisans du milieu culturel mardi, après l’annonce de nouveaux assouplissements par le gouvernement Legault, dont la possibilité pour les cinémas et la majorité des salles de spectacle d’accueillir leur public au maximum de leur capacité dès le 28 février.
« Ce sont d’excellentes nouvelles ! On demandait de la prévisibilité depuis le début et on nous donne avec ça la possibilité de retrouver à 100 % notre public bientôt », indique la coprésidente du Conseil québécois du théâtre (CQT), Rachel Morse. Elle rappelle qu’avec la jauge de 50 % permise actuellement, nombre de spectacles sont annulés faute de pouvoir séparer le public en deux ou de pouvoir choisir parmi les spectateurs les chanceux qui pourront assister à une représentation.
Les salles de spectacle (avec des places assises) et les cinémas devront néanmoins se contenter de demi-salles d’ici le retour à la pleine capacité, le 28 février. La limitation de 500 personnes présentement en vigueur sera par contre levée le 21 février. Le Centre Bell et le Centre Vidéotron devront pour leur part attendre le 14 mars pour rouvrir à 100 %. Le port du couvre-visage reste obligatoire, tout comme le passeport vaccinal.
Les événements extérieurs pourront, eux, accueillir jusqu’à 5000 personnes le 14 février, et ils n’auront plus aucune limite après le 14 mars.
« Chaque assouplissement est une bonne nouvelle, surtout que le retour à la pleine capacité tombe la veille de la semaine de relâche. C’est un parfait timing pour nous », souligne gaiement le coprésident de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec (APCQ), Éric Bouchard. Et, contrairement à l’an dernier, la programmation n’est plus un problème pour les propriétaires de cinémas, qui ont l’embarras du choix pour distraire les Québécois.
De son côté, la directrice générale du regroupement de diffuseurs professionnels de spectacles RIDEAU, Julie-Anne Richard, est ravie de voir le milieu culturel « enfin entendu » par le gouvernement. « Maintenant, on va pouvoir prendre des décisions éclairées à plus long terme, c’est rassurant. »
Fini, les fermetures ?
Elle retient surtout une phrase lancée par le premier ministre François Legault mardi, en conférence de presse : « Il va falloir apprendre à vivre avec le virus. » « On n’est pas à l’abri d’un nouveau monstre qui débarquerait soudainement, un nouveau variant plus dangereux, dit-elle. Mais ses propos [à M. Legault] me donnent quand même l’impression qu’on va sortir de ce cycle infernal de fermeture-ouverture-fermeture pour plusieurs mois. »
Rachel Morse, du CQT, reste pour sa part sur ses gardes. « J’ai peur d’une nouvelle vague, d’une nouvelle fermeture, lance-t-elle. Le milieu culturel est épuisé, la santé mentale [des travailleurs] est très fragilisée. On demande maintenant de ne plus refermer. On est rendus là, dans notre ras-le-bol, dans le milieu. »
La directrice générale du Regroupement québécois de la danse, Nadine Medawar, fait valoir quant à elle que la « relance de la culture prendra plusieurs années ». « Le manque de main-d’œuvre et l’accumulation de fatigue sectorielle ont laissé leurs traces. Alors, l’appui de la culture et la solidarité avec nos professionnels doivent demeurer fortement présents à mi-long terme. »
Un avis partagé par plusieurs organismes du milieu qui attendent de pied ferme un plan de relance de la part du ministère de la Culture. Les mesures d’aide au spectacle en lien avec la pandémie ont pour le moment été confirmées jusqu’au 31 mars.