Méconnue en Europe, spécialiste de la chambre photographique, l’Américaine expose ses portraits pour la première fois en France. Des œuvres d’une saisissante simplicité, donnant le sentiment unique d’avoir saisi l’essentiel chez chacun de ses modèles.
Dans le café du Bal, impasse de l’Europe, à Paris, cet après-midi de mars, elle fait une petite sieste, allongée sur une banquette. On ne la dérange pas. La photographe américaine Judith Joy Ross, 76 ans, inaugure sa première exposition personnelle en France. Même si historiens et auteurs photographes outre-Atlantique s’accordent à reconnaître son indéniable talent, elle demeure méconnue en Europe. Judith Joy Ross ne se l’explique pas et s’en moque. Voix rauque, visage carré encadré par une frange de cheveux blancs et drus, lunettes démodées, la dame, d’une timidité bravache, hésite avant de se raconter généreusement ; puis de lâcher un gros mot en riant. Si elle n’a pas l’aisance d’une célébrité, elle affiche l’assurance de ceux qui ont trouvé leur vocation. En ce qui la concerne : réaliser des portraits d’Américains saisissants de simplicité, qui ne jugent ni ne caricaturent les modèles.
La photographe est née, en 1946 à Hazleton, une petite ville de Pennsylvanie. Elle dit l’enfance choyée, entourée de deux frères, d’un père gérant de supérettes et d’une mère professeure de piano. L’adolescente douée en dessin obtient, en 1966, une bourse pour le Moore College of Art and Design de Philadelphie : « Un jour par hasard, raconte t-elle, je prends une photo avec l’un des Yasica 6 x 6 mis à notre disposition dans la classe. Je suis alors devenue dingue ! Enfin, ce que je voyais se changeait en image. Alors que j’étais timide, j’avais trouvé le moyen de rencontrer les autres. »
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