Après vingt-deux ans d’existence, le rideau tombe sur l’Atelier théâtre

Une page importante de la culture se tourne à Poulx. L’Atelier théâtre fondé il y a vingt-deux ans ferme ses portes définitivement.

À l’origine de ce projet Jacques Servant n’a depuis jamais lâché la barre. C’est à la demande des parents d’élèves de l’école Georges-Brassens que ce fou de théâtre et de pédagogie voulait, au départ, proposer une formation de base aux comédiens amateurs. Mais, rapidement, le succès rencontré pousse la troupe à monter ses premières pièces et le prof devient aussi metteur en scène et acteur quand il le faut. "J’ai toujours aimé transmettre et partager", confie celui qui a fait toute sa carrière professionnelle dans l’Éducation nationale. "Déjà, en 1958, instituteur dans un petit village normand, j’appliquais une pédagogie dynamique et j’ai continué une fois devenu prof d’Histoire, aussi bien au collège, au lycée qu’à la fac. Faire apprendre différemment c’était ma motivation."

"La troupe continuera d’exister autrement"

En poste au collège Jules-Vallès, à Nîmes, l’enseignant se fait animateur théâtre, développe chez les élèves la culture des textes écrits pour être joués, de leurs auteurs et de la prise de parole pour mieux les révéler à eux-mêmes. À Poulx, il monte alors la Compagnie des cintres et la première pièce se joue dans la pinède un soir de juin 2000. "C’était "Un chapeau de paille d’Italie" de Labiche, depuis nous en avons monté et joué une douzaine", raconte encore Jacques Servant. "Nous faisions les festivals, notamment celui de la Falep, nous jouions aux alentours et le Télémac à Nîmes accueillait chaque nouvelle création." Au total, ce sont trente-deux comédiens amateurs qui ont appris, joué et vécu le frisson de la scène. Mais l’aventure s’arrête aujourd’hui. "Je commence à fatiguer, à 84 ans l’investissement physique et psychologique est devenu plus lourd, il est temps de raccrocher. Les confinements des deux dernières années ont pesé, même si la troupe continuera d’exister autrement, je regrette un peu qu’il n’y ait pas eu de transmission ici, dans mon village", précise-t-il un brin nostalgique. La seule inquiétude de cet infatigable militant associatif, c’est l’évolution d’une société devenue plus individualiste, où le bénévolat et le don de soi au service des autres disparaissent peu à peu. Jacques Servant va pouvoir se reposer, vivre sa passion du théâtre en spectateur et laisser, l’esprit tranquille, se refermer une dernière fois le rideau sur son cher Atelier.

Correspondant Midi Libre : 06 72 96 11 52

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