L'une des premières activités humaines à avoir été touchées par la propagation rapide de la pandémie a été le transport aérien. La fermeture des frontières de nombreux pays, le confinement de plus de 4 milliards d'êtres humains et la mise à l'arrêt de l'économie globale a porté un coup terrible au secteur –selon l'International Air Transport Association, les entreprises de l'aéronautique pourraient perdre jusqu'à 25 millions d'emplois dans le monde, dont 5,6 millions pour la seule Europe.
Partout, les compagnies flanchent en dépit de l'intervention massive des États. Partout, ces avions qui en règle générale ne se reposent jamais, dorment à poings fermés. Selon le cabinet de recherche Cirium, repris par Bloomberg, ce sont ainsi plus de 16.000 aéronefs qui sont, dans le monde, cloués au sol.
À lire aussiDividendes et rachats d'actions vont forcer les entreprises à licencierLes engins de cette taille et de cette nature n'étant pas des Twingos, on ne peut les entreposer simplement dans un parking ou le long d'une piste fermée en attendant sagement la reprise des vols. Les stocker au sol représente un casse-tête et une source importante de coûts pour les compagnies aériennes.
Ces Boeing et ces Airbus, il faut les entretenir au jour le jour, du nez à la queue, des pneus à la moquette. «Personne ne pensait que nous aurions besoin d'un tel niveau de maintenance», témoigne ainsi le patron d'une entreprise spécialisée basée à New Dehli.
Les moteurs doivent être choyés, à la fois lubrifiés mais protégés de l'humidité par des sacs géants de silice –ceux-là mêmes que vous trouvez parfois dans vos boîtes de chaussures, mais en beaucoup plus grands. Les capteurs doivent être surveillés, les commandes de vol et l'avionique bichonnées, les insectes ou les oiseaux tenus à distance.
Les roues doivent régulièrement fonctionner –ce qui suppose que les mastodontes doivent être déplacés– pour ne pas s'user prématurément. Les pleins de kérosène doivent être effectués, afin que d'éventuelles tempêtes n'emportent pas les engins comme des fétus de paille. Des nettoyages complets et réguliers des cabines sont également à prévoir; une moquette moisie pourrait coûter cher.
À lire aussiFaut-il sauver Virgin Atlantic?Une telle maintenance nécessite bien entendu de la place. Un aéroport comme celui de Schipol, à Amsterdam, est plein d'avions au repos, répartis à chaque porte et le reste aligné sur les pistes inutilisées. Certaines compagnies profitent des étendues infinies et, plus important, parfaitement sèches du désert de Mojave aux États-Unis ou de l'outback australien pour y parquer leurs aéronefs.
Outre cette maintenance permanente et obligatoire, il faut également payer le parking. Bloomberg note ainsi que le coût est de 1.000 dollars [921 euros] par jour pour un gros avion dans un aéroport indien –sans doute beaucoup plus dans d'autres endroits.
L'IATA a demandé aux gouvernements de veiller à ce que ces frais ne soient pas appliqués le temps de la pandémie: pour une industrie faisant face à 300 milliards de dollars de pertes cette année en ne comptant que le transport de passagèr·es, ces sommes peuvent faire la différence entre la survie ou la mort.