Lefaso.net : Qui doit observer le jeûne du Ramadan ?
Séni Nana :Nous sommes dans le mois béni de Ramadan, un mois de miséricorde, un mois d’adoration. C’est un mois qui renferme un pilier de l’islam qui est le jeûne. La pratique du jeûne est obligatoire pour tout musulman qui atteint l’âge de la puberté. Dès 16 - 18 ans, le jeune musulman est dans l’obligation de jeûner. Il doit être sain d’esprit, notamment jouir de ses facultés mentales. En résumé, l’obligation du jeûne s’applique à tout musulman pubert qui jouit de ses facultés mentales. Néanmoins certaines conditions, si elles sont réunies, permettent au fidèle musulman de ne pas observer le jeûne.
Et quelles sont les catégories de personnes dispensées du jeûne ?
Dieu, en prescrivant le jeûne, a tenu compte du caractère humain. Par moment, on est assez diminué par la maladie ou par l’âge. Nos sœurs qui sont en période de menstrues, de grossesse ou qui allaitent surtout, par crainte pour leur santé ou pour la santé de leur bébé, peuvent observer une rupture du jeûne pour les rembourser plus tard ou les compenser autrement.
Quels sont les restrictions qui annulent le jeûne ?
Il y a un certain nombre d’actes qui invalident le jeûne. Il est interdit de manger ou de boire de façon volontaire du lever au coucher du soleil. Il est également interdit d’avoir des rapports sexuels. En islam, les relations sexuelles sont faites dans le cadre du mariage. Mais ce ne sont pas les seules restrictions qui annulent le jeune. Il y a également le fait pour le musulman de poser tout acte qui le sort de l’islam.
Parce qu’il y a certains actes quand vous les posez, vous sortez de l’Islam. Si cela arrive, puisque vous n’êtes plus musulman, votre jeûne est de fait annulé. Si vous décidez aussi de façon volontaire de ne plus être en situation de jeûne même sans manger ni boire, cela rend votre jeûne invalide par l’intention qui a été formulée.
Qu’est-ce qu’il faut faire en cas de non-respect des règles et pour se racheter ?
La rupture de façon délibérée du jeûne entraîne une compensation qui pourrait être assimilée à une sanction qui fait que la personne doit jeûner deux mois durant pour rembourser le jour qu’il a manqué. Mais si c’est une rupture permise, la personne pourra juger de l’opportunité après le Ramadan pour rembourser. Et si elle ne peut pas rembourser, il y a une compensation d’ordre alimentaire qui est prescrite. La rupture permise concerne notamment les voyageurs, les femmes allaitantes ou en état de grossesse, les personnes âgées ou toute personne en situation de maladie qui l’empêche de jeûner.
Concrètement, en quoi consiste la compensation d’ordre alimentaire ?
Si une personne est dans une situation qui ne lui permet pas de jeûner, elle a l’obligation de nourrir un pauvre par jour non jeûné et ce, pendant les 30 jours ou en un seul coup dès le début du Ramadan.
Quelles sont alors les bons comportements à adopter pour réussir le mois de Ramadan ?
Pour bien réussir le mois de Ramadan, le musulman se doit d’observer un certain nombre de comportements parmi lesquels le bon voisinage, le bon comportement en famille notamment avec ses parents, son épouse ou époux et ses enfants. Il y a également le bon comportement que nous devons avoir dans nos services, en circulation dans la ville.
Le hadith du messager d’Allah dit : « Quand le musulman est en jeûne et que quelqu’un l’agresse, il dit à la personne, je suis en jeûne ». Cela sous-entend que le jeûne nous prescrit l’obligation d’observer une attitude de patience, de pardon et de compréhension envers nos semblables. Patience qui fait que nous sommes dans une situation ou c’est la paix autour de nous qui prime. Ce sont des comportements que nous devons avoir.
C’est aussi le comportement d’être en situation d’apprentissage continue. Durant le mois de Ramadan, on aura des commentaires du Coran, des prêches assez diversifiées, et des séances de lectures coraniques. Tout musulman doit pratiquer ces actions afin de réussir au mieux son jeûne qui est l’une des actions les mieux récompensées. Et c’est ce qui va plus peser sur la balance du musulman le jour du jugement dernier.
Pendant ce mois, les gens s’offrent du sucre. Est-ce que ce cadeau a plus de mérites par rapport aux autres ?
Au Burkina Faso, le Ramadan rime avec partage de sucre. C’est compréhensible parce que dans nos ménages, à la rupture, nous consommons des aliments sucrés notamment le zoom-koom (eau sucrée faite à base du petit mil), du bissap et autres. Aussi, c’est un aliment assez accessible qui est plus à même d’être donné en cadeau. Si on prend un carton de sucre, facilement ça peut être donné en cadeau et la personne qui donne ou qui reçoit trouve son compte.
Mais en termes de mérite, les dattes viennent en première position suivies de l’eau. Je recommande aux uns et aux autres de ne pas exagérer dans le partage du sucre. Parce que le plus souvent ceux à qui ils donnent le sucre ont d’autres besoins plus pressants notamment dans le domaine alimentaire (riz, sorgho). C’est en fonction du besoin réel et non être dans l’automatisme de l’achat de sucre pour partager.
Le Ramadan 2022 se tient dans un contexte sécuritaire très difficile, est-ce que cela recommande au musulman une attitude particulière ?
Notre contexte actuel qui est qu’on est face à plusieurs défis ; défis d’ordre sécuritaire et humanitaire surtout. Parce qu’il y a plus d’un million de déplacés internes qu’il faut prendre en charge. Ce Ramadan est une occasion pour interpeller les musulmans sur leur rôle en tant qu’acteurs de miséricorde, qui aiment partager et qui se doivent de partager avec leurs frères et sœurs. Nous devons également être en prière. Quel que soit le degré de difficultés dans lequel nous sommes, Allah soubhana wa ta’ala saura nous tirer d’affaire.
Je voudrais vous remercier et souhaiter que Allah soubhana wa ta’ala vous assiste dans vos activités et qu’il fasse que vous puissiez toujours nous accompagner dans nos différentes activités.
Interview réalisée par Aïssata Sidibé
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