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"Le Stade" : Antoine Dupont et Romain Ntamack stars du film sur le club toulousain, en salle mercredi

Ils ont sans doute plus de chances de soulever un jour la Coupe du monde qu'un Oscar, mais Antoine Dupont et Romain Ntamack ont assuré ces dernières semaines dans les médias et sur les tapis rouges des avant-premières la "promo" du film sur leur club.

Il devait s'agir au départ d'une série documentaire sportive dans l'esprit de celles qui cartonnent actuellement sur les plateformes de streaming, comme le "Drive to survive" de Netflix sur l'univers de la Formule 1.

La bande-annonce du film sur le Stade Toulousain est sortie ! pic.twitter.com/ErOv4icJLT

— Gauthier Baudin (@GauthierBaudin) January 20, 2022

Puisqu'ils ont accompli quelque chose d'exceptionnel, nous avons essayé de travailler sur un objectif exceptionnel

La saison 2020-2021 historique des rugbymen toulousains, auteurs du doublé Coupe d'Europe - championnat, a poussé l'équipe de production à tenter plutôt l'expérience du cinéma. "Les choses se sont un peu imposées d'elles-mêmes", raconte Eric Hannezo, coréalisateur. Pour le dirigeant de Black Dynamite, producteur du film, "le rugby n'a que des qualités cinématographiques".

Un "snobisme" du cinéma français

Sa dimension combative, ses valeurs et sa dramaturgie semblent faire de la discipline un bon support pour le septième art. Relativement peu de films lui ont pourtant été consacrés.

Le fameux "Invictus" de Clint Eastwood sur la victoire de l'Afrique du Sud lors de la Coupe du monde 1995, érigée en symbole de réconciliation après l'apartheid, la vieille comédie "Allez France!" (1964) sur des supporters des Bleus en déplacement en Angleterre pour le Tournoi des V Nations... Julien Camy en a recensé une trentaine, rugby à XIII compris ("Le Prix d'un homme" notamment en 1963), en compilant avec son père Gérard le bel ouvrage "Sport et cinéma".

Si vous voulez faire un film de rugby sur la success story d'un gamin des quartiers qui finit demi de mêlée de l'équipe de France et gagne la finale de la Coupe du monde contre les All Blacks, il faut être Clint Eastwood et avoir 100 ou 150 millions

"Les Etats-Unis, plus gros pourvoyeur de films de sport, ne sont pas un pays de rugby", avance l'auteur. "Les sports qui ont été les plus filmés sont ceux largement pratiqués aux Etats-Unis, comme le football américain, le baseball ou la boxe".

Le cinéaste et journaliste, Julien Camy pointe "une certaine frilosité" et un certain "snobisme" chez les producteurs français vis-à-vis du sport. Une opinion partagée par l'ancien joueur du Racing, devenu réalisateur, Philippe Guillard, même si son premier film, "Le Fils à Jo", ancré dans l'univers du rugby, a connu le succès dans les salles en 2011 avec plus d'1,2 million d'entrées.

Un aspect humain

Ces contraintes budgétaires n'aident pas à franchir le principal écueil : rendre crédibles les scènes de jeu d'un sport technique dont la complexité des règles échappe par ailleurs souvent au grand public.

On ne peut pas tricher là-dessus, il faut prendre des vrais rugbymen. Dans Invictus, le rugby est joué par des mecs de Fédérale 3 qui n'ont rien à voir avec Jonah Lomu et compagnie

"On voit tout de suite un mec qui sait faire une passe ou pas, sa position en mêlée...", décrypte Philippe Guillard ce qui contraint les réalisateurs à "prendre des angles différents", plus éloignés du jeu, pour traiter de rugby, comme Sacha Wolff et son "Mercenaire" (2016) sur un jeune joueur Wallisien confronté au déracinement après être venu tenter sa chance en métropole.

Cet aspect humain sera au cœur du nouveau film sur le rugby que l'ancien champion de France en 1990, prépare à l'occasion de la Coupe du monde l'an prochain en France: "Je suis content de retrouver mon ADN", confie-t-il.

Ce sera l'histoire de réfugiés qui découvrent, dans le Sud-Ouest français, un autre type de guerre : celle de clochers autour d'un ballon ovale. Ni Dupont, ni Ntamack n'apparaîtront cette fois au générique.