LaSAS « Trigonne »située àSaint-Guen(Guerlédan) et spécialisée dans lerecyclage des pneus, est jugée ce27 janvier 2022devant le tribunal correctionnel pour des faits deblessures involontaires,non-conformité des règles de sécuritéetmanque de formationet de d’information obligatoire auprès de l’ensemble des28 salariésde l’entreprise.
Un drame humain
Un dossier malheureusement entaché d’undrame humain, puisqu’un des employés, âgé de 52 ans, a étéamputéde sonbras droit.
Lereprésentant légalde la SAS « Trigonne » a fait le déplacement depuis Lyon pour répondre à la convocation. Apparemment, son implication au sein la société n’est pas son passe-temps favori.
Trèspeu concernépar les événements, il ne se sentaucunement responsabledes malheurs de sonsalariéqui, à ses yeux, n’apas suivilesrègles de sécurité.
À la tête de six autres sociétés, il ne venait que rarement en Bretagne, accordant toute sa confiance à son directeur sur site.
Libérer le mécanisme
Le11 décembre 2018, la victime, qui connait parfaitement son boulot, se retrouve face à ungros problème: lebroyeurqu’il alimente régulièrement en pneus usagés montre des signes inquiétants.
Il est cariste depuis 7 ans etsait comment procéderpourdégagerlebourragedutapis roulant. Il faut absolumentnettoyer les bouts de gommepour libérer le mécanisme.
Un accident, c’est toujours bête. Lamanchede sonpullva seprendredans unrouage; lebrasest littéralementhappéet c’est ledrame.
Six longues minutes
Durant6 longues minutes, le malheureuxse débat seulpour tenter de se libérer. Il finit par y arriver, mais ni les secours, ni les chirurgiens ne pourront sauver son bras.
L’émotion passée, l’heure des procédures est arrivée. Il fautdéterminerlaresponsabilitédechacun.
L’inspection du travaila rendu unrapport accablantpour la SAS « Trigonne » : pas moins de17 points de non-conformitésoulevés, rendantl’utilisationde certainesmachineshautementdangereuses.
Une plaidoirie cinglante
MeQuentin Gavard,défenseurde la victime, loin d’être un novice, estcinglantà l’égard d’un « employeurqui reconnait n’avoiraucune formation en sécurité, mais qui est parfaitementlucideen termes derentabilité! »
« Il est consternant de voir un employeur fuir ses obligations les plus élémentaires et lâcher sans remords ses employés. Il aura fallu ce drame pour qu’enfin il y ait une prise de conscience et que l’on mette l’usine en conformité. Si cette broyeuse n’était pas aux normes, c’était uniquement pour optimiser le gain de temps ! Je regrette également que dans la tourmente que traverse mon client, il n’ait jamais reçu le moindre appel de la part de son patron ».
Me Quentin Gavard, avocat de la victime.Reste une victime désespérée qui devra définitivement vivre avec ce terrible handicap.
« J’étaisbricoleur, j’adorais lejardinage, j’avais plein deprojets, aujourd’hui c’est mon épouse qui coupe ma viande, tout est devenuinsurmontablepour moi ».
A ses côtés, sa femme et sa fille sont en pleurs.
« On ne peut pas revenir en arrière »
Pour démontrer sabonne foi, le chef d’entreprise, avance desargumentsparfaitement entendables.
« C’est triste. On ne peut pas revenir en arrière, malheureusement et j’en suis désolé. Mais évidement, on aurait agi autrement si on avait pu se douter, c’est une évidence ».
L’employeur.Au vu desmontants conséquentsréclamés par les parties civiles au titre des différents préjudices, le tribunal n’a d’autres choix que ne mettre sa décision endélibéré.
Rendez-vous le23 mars 2022.
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