1. Accueil
  2. tapis
  3. Cannes 2022 : Les Crimes du futur, Armageddon Time... les 10 films les plus attendus

Cannes 2022 : Les Crimes du futur, Armageddon Time... les 10 films les plus attendus

Entre les grands noms, l'horreur, les fusillades, les polars meurtriers ou les zombies, ce Cannes 2022 s'annonce passionnant. On fait le point sur 10 (en vrai un peu plus) films à ne pas manquer.

Après une année 2021 complètement folle où Julia Ducournau est repartie avec la Palme d'or pour Titane, la nouvelle édition du Festival de Cannes s'annonce assez dingue encore une fois avec plein de films prestigieux. Après une sélection monstrueuse de plus de 70 films, l'édition Cannes 2022 s'annonce un peu plus resserrée avec une quarantaine de films (et certainement quelques ajouts d'ici le début du festival le 17 mai). Pour la course à la Palme d'or, ils seront 18 longs-métrages à se tirer la bourre.

On peut évidemment regretter l'absence de grands noms attendus ou plutôt espérés à ce stade : Ari Aster et son Disappointment Blvd., Lars Von Trier et la troisième saison de sa série L'hôpital et ses fantômes, Yorgos Lanthimos et son Poor Things, Jordan Peele et son Nope ou même une présence de Netflix en hors-compétition (même si on savait que c'était mort, on avait envie). Rien qui n'empêche toutefois cette sélection de créer une grande impatience au sein d'Ecran Large.

On s'est donc amusé à lister dix films (en vérité treize) qu'on ne voudra surtout pas manquer dans cette édition 2022. Et évidemment avec treize films, on a dû faire des choix cornéliens, tant et si bien qu'on aurait pu en rajouter facilement une bonne vingtaine. Ne nous en voulez donc pas de ne pas forcément voir vos chouchous. C'est parti !

Quand tu découvres la liste de Cannes 2022

armageddon time

Le retour de James Gray après Ad Astra

Un film de James Gray est toujours un événement. Entre Little Odessa, La Nuit nous appartient et The Lost City of Z, le cinéaste s'est imposé comme un des réalisateurs les plus passionnants du paysage filmique américain. Cette année, le bonhomme reviendra sur la croisette avec Armageddon Time, film autobiographique qui nous plongera dans le New York des années 80, dans le lycée où il a grandi.

Devant la caméra, un beau casting composé, entre autres, d'Anne Hathaway, d'Anthony Hopkins et de Jeremy Strong, rien que ça. De quoi promettre un magnifique tapi rouge, en plus d'une oeuvre potentiellement plus personnelle pour James Gray, et donc d'autant plus sensible et intime. À en croire l'auteur, Armageddon Time sera aussi plus chaleureux que son très beau Ad Astra. Quoi qu'il en soit, le film est attendu en compétition officielle du festival.

BROKER

Un road movie en Corée pour le japonais Kore-eda

Premier film coréen du cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda, et peut-être seconde Palme d’Or suite à Une Affaire de famille (2018), Broker, que Thierry Fremaux a défini pendant son annonce comme une sorte de « road movie d’adoption » orientera son intrigue autour des « baby boxes », un dispositif coréen destiné aux parents désireux de déposer anonymement un bébé dans une boite afin que celui-ci soit adopté par une autre famille. De quoi promettre de nouveau l’une des émouvantes odyssées familiales dont le réalisateur semble détenir le secret.

Sang Hyeon, interprété par la pointure de l’interprétation coréenne Song Kang-ho (Parasite, Memories of Murder), et son collègue Dong Su (Kang Dong-won), essaient tant bien que mal de trouver une nouvelle famille à l’un de ces enfants en boite. Alors que le duo parvient un conclure un accord avec de nouveaux parents, la mère biologique du bébé, Yeong So, interprétée par la sublime Bae Doo-na (Sense 8, Cloud Atlas…), refait surface.

LES CRIMES DU FUTUR

L’annonce avait entrainé une vague de priapisme sans précédent : huit ans après son dernier film et plus de 20 ans après sa dernière incursion dans le genre, David Cronenberg revient à la body horror. En vérité, il n’avait pas complètement oublié la Nouvelle Chair, en témoignent son excellent roman et le court-métrage qui l’a accompagné. Mais il faut reconnaître que l’ampleur de Les Crimes du Futur et la qualité de son casting (Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart) lui donnent des airs de retour du roi triomphant, qui plus est sur un tapis rouge réchauffée par l’une de ses héritières les plus respectueuses.

Dream team

L’annonce du pitch (dans un monde qui s’adapte aux environnements de synthèse, Sault Tenser est un artiste qui travaille directement avec des organes !) et le dévoilement de la bande-annonce dans la foulée de la conférence de presse du festival achèvent d’en faire l’un des plus grands évènements cinéma de l’année, de la décennie, du millénaire. Mutations organiques en tous genres et tension sexuelle étrange suintent des premières images, lesquelles baignent dans une patine visuelle qui fait presque penser au Festin Nu. S’il ne réinvoque ne serait-ce que 50% de sa liberté créative, on peut s’attendre à un grand film.

Et si le retour à l’horreur d’un auteur qui a dû attendre de s’en éloigner pour être respecté par les institutions lui valait enfin la récompense suprême ? Un conte de fées auquel on aimerait bien assister, aux côtés des cinéphiles de France et de Navarre, puisque le film sortira simultanément en salles le 25 mai prochain.

decision to leave

Un regard noir

Six ans après le sublime et envoûtant Mademoiselle, Park Chan-wook revient finalement gracier nos écrans de sa poésie avec le thriller romantique Decision to Leave. Sélectionné à Cannes en compétition officielle, le maître de l’angoisse coréen s’en revient ensorceler les audiences de sa mise en scène élégante au moyen d’une intrigue respirant le drame et le conflit à pleins poumons. Un honnête policier, qu’interprétera Park Hae-il (The Host), enquête sur une mort suspecte survenue en montagne. Alors que ce dernier mène l’enquête, il en vient à soupçonner l’épouse du défunt (Tang Wei), en dépit de son attirance pour elle.

Initié en 2020 avant que le monde ne cesse subitement de tourner sur lui-même, le métrage triomphe finalement de sa production difficile aux multiples reports, et promet un saut en chute libre au sein des affres et tumultes de cette relation multidimensionnelle. Sous-tendu par un récit à la densité subtile et, à n’en pas douter, à l’érotisme obscur, Park Chan-wook pourrait bien décrocher une Palme d’or.

fumer fait tousser

Les Power Rangers français

Après l'amusant Mandibules et en attendant Incroyable mais vrai, Quentin Dupieux revient avec un nouveau bonbon qui s'annonce lui aussi complètement fou et drôle, Fumer fait tousser. Le pitch fait rêver : un groupe de super-héros appelés les TABAC FORCE vont faire face à l'empereur du Mal, Lézardin, alors que la cohésion de leur groupe commence à se dégrader. Cette relecture du genre Super-Sentai (la version japonaise du super-héros) s'annonce complètement loufoque.

Cette première apparition de Quentin Dupieux en sélection officielle sera l'occasion pour le cinéaste de rassembler un casting juste hallucinant, composé de Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra, le Palmashow, Adèle Exarchopoulos, Doria Tillier, Jérôme Niel, Blanche Gardin, Anthony Snogio, Raphaël Quenard, Alain Chabat et Benoît Poelvoorde. Fumer fait tousser sera présenté hors compétition, en séance de minuit, de quoi proposer une petite pastille rafraichissante de 1h20 pour les festivaliers.

holy spider

Face à la mort ?

Ali Abbasi s’était déjà largement fait remarquer des amateurs de fantastiques au Festival de Cannes via la section Un certain regard. Son Border alliait une poésie noire remarquable et une exploration des frontières de l’humanité assez subtile, dont il ne faut rien révéler sous peine de gâcher sa force majeure. Au-delà de l’intelligence de sa narration et sa manière de digérer ses influences mythologiques, il révélait un sens de la mise en scène acéré et des effets spéciaux indécelables et par conséquent assez impressionnants.

Son nouvel essai, Holy Spider raconte la quête personnelle d’un père de famille sérieusement allumé, qui entend nettoyer la ville de Mashhad de la prostitution, si possible dans le sang. Mais il s’énerve de l’indifférence du grand public pour sa mission divine. Un pitch très intrigant et qui pourrait bien secouer la Croisette à sa manière.

leila's brothers

Le monsieur avait créé une petite sensation pendant l'été 2021 dans les salles françaises avec La Loi de Téhéran, et bien Saeed Roustayi va carrément débarquer sur la Croisette avec son nouveau film : Leila’s Brothers. Car oui, il a d'ores et déjà terminé son troisième long-métrage puisque La Loi de Téhéran avait été tourné en 2018 et était sorti en 2019 en Iran (bien avant la pandémie et bien avant chez nous de fait). Pour sa première venue à Cannes, l'Iranien aura donc la joie de concourir pour la Palme d'or.

À ce stade, on ne sait pas encore vraiment de quoi le film parlera, aucun élément n'ayant filtré et Thierry Fremaux ne s'étant pas attardé dessus durant la conférence. Toutefois, au vu des deux premiers films, on peut supposer que Saeed Roustayi continuera à explorer l'Iran contemporaine et notamment les failles de son système. La première photo dévoilée par Wild Bunch laisse en tout cas imaginer un petit passage par la case prison et donc possiblement une auscultation encore approfondie du système judiciaire iranien.

novembre

Après Bac Nord, Jimenez s'attèle à un sujet tout aussi touchy

Après le séisme provoqué par la projection hors compétition de Bac Nord au Festival de Cannes 2021, Cédric Jimenez pourrait encore faire parler de lui. Laissant de côté les violences policières, il s’attaque à un sujet tout aussi sensible avec Novembre, un film sur les attentats du 13 novembre 2015 et plus précisément sur les cinq jours de traque qui ont suivi les attentats. Au scénario, on retrouve Olivier Demangel qui était le co-scénariste du film de Mati Diop, Atlantique, lauréat du Grand prix de l’édition 2019 du Festival.

Si Cédric Jimenez fait encore une fois appel à des acteurs reconnus, dont Jean Dujardin et Sandrine Kiberlain, des acteurs émergents comme Anaïs Demoustier, Lyna Khoudri et Sami Outalbali, seront également à l’affiche. Plus surprenant, Michaël Youn tiendra également un rôle. À cause de la polémique créée par son précédent long-métrage, le retour de Cédric Jimenez à Cannes pourrait bien créer de nouveaux débats. Le film devrait sortir le 5 octobre 2022.

top gun : maverick

Temple des cinémas du monde entier et haut lieu de consécration des auteurs les plus prestigieux, la Croisette est aussi l’écrin d’un cinéma de divertissement prestigieux et éminemment spectaculaire. Rares auront été les éditions à ne pas accueillir au moins un blockbuster, traditionnel ou d’animation, capable de faire couiner le Grand Théâtre Lumière comme une loutre dans un sanibroyeur.

Ce rôle sera tenu en 2022 par Top Gun : Maverick. Suite du classique des années 80, qui transforma Tom Cruise en superstar planétaire, le long-métrage est d’autant plus attendu qu’il promet de nous imprimer sur les rétines des images techniquement ahurissantes. Vendu comme un tour de force technologique, le film, repoussé depuis plusieurs années en raison de la crise sanitaire, est d’autant plus attendu que sa star a assuré elle-même une partie de ses cascades aériennes, mises en scène par le très doué Joseph Kosinski. Le film sortira le 25 mai en France.

triangle of sadness

Des vacances qui vont mal tourner

Après avoir largement divisé la Croisette en 2017 avec The Square pour lequel il avait reçu la Palme d'or, le suédois Ruben Östlund va faire son grand retour à Cannes avec son nouveau film : Triangle of Sadness. Et évidemment, on peut s'attendre à ce que le film déclenche encore quelques vifs débats.

D'après Thierry Fremaux, c'est une "comédie politico-mondiale, politico-économique... bref une grande moquerie de ce que nous sommes devenus". En effet, d'après le premier synopsis officiel, la comédie noire devrait suivre un couple de mannequins durant une croisière de luxe avant que les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s'inversent lorsqu'une tempête se lève. Un grand délire cynique en perspective donc où l'on retrouvera en plus Woody Harrelson dans la peau d'un capitaine communiste refusant de sortir de sa cabine.

trois mille ans à t'attendre

Des oreilles pointues pour un film pointu ?

De retour après le détonnant Mad Max : Fury Road en 2015, George Miller réinvestit les écrans cannois avec Trois mille ans à t'attendre. Un film jugé étonnant par Thierry Fremaux, lequel a décrit le récit comme une « sorte de réflexion sur l’histoire du monde, comment celle-ci a commencé, comment elle se terminera peut-être, comment nous vivons entourés de choses auxquelles nous croyons, ou ne croyons pas ». Un film-pensée donc, à la considération philosophique, et à la progression régie davantage par le dialogue, que par l’action. Une sorte d’anti Mad-Max même, selon les dires du cinéaste lui-même.

En voyage à Istanbul, une érudite (Tilda Swinton) aussi solitaire qu’amère découvre une ancienne bouteille. Il en sort un Djinn, interprété par Idris Elba, qui lui offre trois vœux en échange de sa liberté. Apathique et sans autre désir que celui de rester seule, celle-ci demeure incapable d’imaginer le moindre souhait. En découle une longue conversation entre les murs de sa chambre d’hôtel, menant les deux individus à des conséquences que ni l’un ni l’autre n’auraient pu prédire. La hype est immense !

Z (comme Z)

D’abord accueilli fraîchement par la communauté de cinéphiles ayant eu la curiosité (et le bonheur) de découvrir Ne Coupez pas !, le remake de Michel Hazanavicius aura donc l’honneur d’ouvrir les hostilités cannoises. Gageons que cet enthousiasme du festival signifie que le réalisateur des deux premiers OSS 117 et de The Artist a remporté son pari d’emballer une relecture frenchie de ce petit culte venu du Japon avec Z (Comme Z).

Et si l’entreprise pouvait faire redouter une forme d’opportunisme, d’autant que la suspension d’incrédulité du film originel reposait logiquement sur la découverte tant d’un casting d’inconnus que d’un dispositif de mise en scène malicieux, n’oublions qui est aux manettes. Le réalisateur français s’est en effet fait une spécialité de dialoguer avec les différentes formes ou motifs du cinéma, et demeure un maître du pastiche. Autant de raisons d’espérer que son jeu de massacre donne un bon coup de hache au Festival, dès son ouverture.

QUELQUES AUTRES POUR LE PLAISIR

Il y aura un peu de Netflix à Cannes avec Hunt et la star de Squid Game

On est également très curieux du nouveau film de Taril Saleh, Boy From Heaven, qui nous plongera dans Le Caire et la guerre d'influence sans pitié pour succéder au grand Imam, mort soudainement. Mais on attend également La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov, Frère et soeur d'Arnaud Desplechin, Stars at Noon de Claire Denis ou Showing Up de Kelly Reichardt. Le film de la cinéaste américaine racontera le quotidien d'une artiste dont l'existence chaotique va devenir sa première source d'inspiration.

Difficile également de ne pas être intrigué par la série de Olivier Assayas, Irma Vep, ou simplement Hunt de Jung-jae Lee. La star de de Squid Game signe son premier film, un thriller politique où les deux Corée sont au bord de l'implosion alors que l'espionnage et les secrets d'État menacent de faire basculer leur Histoire.

On surveillera aussi de près Godland, le film de l'islandais Hlynur Pálmason, où un jeune prêtre ayant pour mission de faire une construire une église dans une campagne inhospitalière va être confronté à une improbable histoire d'amour et un violent conflit, tout comme la version moderne Au hasard Balthazar de Robert Bresson signée Jerzy Skolimowski

Comment ne pas évoquer également le très attendu Elvis de Baz Luhrmann qui reviendra sur la carrière du King ou dans un délire plus franco-français, Mascarade de Nicolas Bedos, décrit comme une "comédie policière niçoise" menée par Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet ou encore Marine Vacth.

En voilà un beau programme sans compter les sélections de la Quinzaine des réalisateurs, de la Semaine de la critique et l'ACID qui promettent de sublimes découvertes.